Depuis l’intervention présidentielle, le 31 décembre, tout le Landerneau politico-médiatique s’agitait en spéculation sur « qui » ? Le « pour faire quoi ? » n’intéressant pas grand monde. À raison, d’ailleurs, tellement il était évident que l’hôte de Matignon, quel qu’il soit, ne serait qu’un exécutant zélé du président de la République. Quitte à avoir un collaborateur, le président a donc choisi un « bébé Macron », comme le surnomment les médias, tant le parcours, le profil et le milieu dont est issu Gabriel Attal ressemblent à s’y méprendre à ceux d’Emmanuel Macron. Certes, il faudra attendre la composition du nouveau gouvernement pour mesurer les différents équilibres au sein du camp macroniste, mais personne n’envisage ne serait-ce qu’une inflexion du cap politique.
Malgré la mise en scène, le fake suspense et l’agitation médiatique, la nomination de Gabriel Attal n’est pas un événement politique. Plus grave, il n’est pas vécu comme tel par les Français, qui regardent cela avec indifférence. Même leur détestation, les Français la réservent au président. Le macronisme comme le stade ultime de la personnalisation du pouvoir a théorisé la non-nécessité d’une colonne vertébrale idéologique, si ce n’est celle de l’argent et du enterprise. La conséquence est que les différents gouvernements qui se succèdent ne sont que des groupes d’exécutants composés en grande partie d’illustres inconnus interchangeables et sans assise politique.
En 2017, on aurait pu penser qu’il s’agissait de la volonté de faire émerger un nouveau monde politique. En 2024, cela signe l’échec d’une implantation territoriale. On peut déjà parier que vont sortir du gouvernement des ministres dont personne n’avait remarqué l’entrée. Et que vont y entrer des ministres qui ne survivront pas aux élections européennes. Si cette indifférence marque l’obsolescence de la Ve République, elle n’est pas sans hazard pour les prochaines échéances électorales. Chaque scrutin étant de plus en plus réduit à un easy référendum sur le président.