Les alertes sont remontées du terrain vers les syndicats, de toutes parts en France, il y a environ dix jours. Le lundi 2 décembre, des intérimaires en contrat à La Poste ou au sein de ses filiales, parfois depuis plusieurs années, se sont vus signifier, à quelques jours des fêtes, la rupture brutale de leur mission. Selon Laetitia Gomez, secrétaire générale de la CGT intérim, près de 20 000 d’entre eux, au sein de la distribution notamment, seraient concernés en France par ce plan massif sur lequel aucune information en amont n’aurait été fournie aux salariés et aux organisations syndicales.
Les arguments de la direction, qui a reçu les syndicats dans la matinée ce vendredi, après la publication d’un tract très offensif de la CGT hier soir, sans nier la réalité de ce plan, mettent en avant la volonté de basculer une partie de ces contrats vers des CDD, avec pour objectif de ramener, sur l’ensemble des contrats précaires, la part des intérimaires à 60 % pour 40 % de CDD (la proportion étant actuellement de 80 % d’intérimaires contre 20 % de CDD).
Contactée par L’Humanité, l’attachée de presse de La Poste a par ailleurs souligné « les recrutements supplémentaires de plus de 1 000 facteurs en CDI sur le dernier trimestre 2024, qui se rajouteront aux 2 300 recrutements externes de facteurs en CDI réalisés à fin septembre et aux 3 150 distributeurs de Mediaposte intégrés en février dernier. » Autant de recrutements pérennes qui « en conséquence », justifieraient selon l’opérateur, une diminution du « nombre d’intérimaires et de CDD à due concurrence sur la fin d’année ».
Une communication opaque et contradictoire
Mais pour la CGT, qui dénonce une communication opaque et des versions contradictoires d’un interlocuteur départemental à l’autre, le compte n’y est pas. « Au niveau local, certaines directions expliquent aux agents qu’ils ne sont plus en capacité de payer les intérimaires, tandis que dans d’autres sites, elles invoquent le fait de rectifier le tir après une surestimation des besoins pour écouler les colis en période de Noël », pointe Catherine Stolarz pilote des activités Poste à la fédération CGT FAPT. Pour la syndicaliste, ces contradictions révèlent une « une volonté politique de la Poste de supprimer ces emplois » et les CDD mis en avant sont loin de combler les suppressions de contrats intérimaires.
« Vingt mille intérimaires, c’est un chiffre colossal ! ils sont jetés comme des kleenex ! Combien d’entre eux seront repris en CDD ou dans un autre type de contrat ? Combien seront renvoyés chez eux alors même que certains multiplient, en toute illégalité pour La Poste, les missions depuis dix ans ? » interroge Catherine Stolarz, qui pointe aussi les conséquences sur les salariés restants, notamment les postiers, qui devront faire face sans ces renforts à une surcharge de travail, en pleine période de Noël, alors que même dans certains sites la part des intérimaires représente parfois près de 60 % des effectifs.
Pour Laetitia Gomez, le fond du problème, reste bien « le modèle économique de l’emploi mis en place depuis plusieurs années par La Poste », qui repose sur un recours massif aux contrats précaires et discontinus. Ils représenteraient au sein de l’opérateur et de ses filiales, pas moins de 50 % des effectifs. La Poste compte-t-elle à travers ces suppressions de contrats d’intérimaires revenir sur cette politique ou simplement exploiter jusqu’au bout cette variable d’ajustement ? Les syndicats misent désormais sur le Conseil d’administration prévu le 19 décembre pour pousser la direction dans ses retranchements et lui imposer de faire la lumière sur ses intentions.
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