En pleine crise du Covid, Emmanuel Macron promettait des revalorisations salariales aux « premiers de corvée » et aux professions « essentiels ». Déjà, l’écart entre utilité et rémunération sautait aux yeux de tous. Mais cinq ans plus tard, ces promesses sont largement restées lettre morte. Le rapport des Français au travail a, lui, bien été bouleversé par la crise sanitaire et ses suites.
« En 1990, 60 % des Français interrogés accordaient une place « très importante » au travail dans leur vie, en 2021 ils n’étaient plus que 24 % », évalue la Fondation Jean Jaurès. La pandémie a renforcé le questionnement des salariés, en germe depuis quelques années, sur le sens du travail. « Le nombre inédit de départs volontaires (2,5 millions de démissions ou ruptures conventionnelles) en 2022 peut s’interpréter de cette manière », selon les économistes Thomas Coutrot et Coralie Perez pour qui « il y a vraiment eu une prise de conscience de ce qui n’était plus acceptable ».
De plus en plus, les salariés, notamment les plus jeunes, ressentent ce besoin de cloisonner davantage le temps de travail et le temps personnel. Généralement lié à un manque de motivation ou de reconnaissance, c’est une conséquence des réorganisations post-Covid.
L’avènement du télétravail
Autre point de rupture : la mutation des pratiques. Durant les confinements, les métiers et branches qui le permettaient ont vu se développer, à marche forcée, le travail à domicile, jusqu’ici marginal. Une organisation qui s’est, depuis, largement démocratisée à travers les secteurs grâce à une accélération du numérique dans les entreprises.
En 2019, seulement 9 % des salariés télétravaillaient au moins occasionnellement, selon une étude de la Dares publiée en novembre 2024. Début 2023, ils étaient près de 26 %, soit du simple au triple. Une hausse principalement portée par le télétravail chez les cadres, qui a bondi de 11 % sur cette période.
Ce toilettage de la gestion du travail est synonyme de mieux-être, estime la Dares. Temps de trajet supprimé, meilleure conciliation entre vie privée et professionnelle, baisse de la pression… Un gain de temps considérable reporté sur la vie familiale, le repos et les loisirs pour 92 % des télétravailleurs, qui souhaitent continuer.
Les dérives du télétravail
Mais en s’invitant dans les foyers, le travail peut brouiller la frontière entre le temps consacré à la vie professionnelle ou à la vie personnelle, comme l’indique une enquête de (l’Ugict-CGT). Autre dérive du télétravail hérité de la pandémie : le flex office. L’absence d’attribution d’un poste précis aux salariés est de plus en plus répandue. Une organisation permettant aux employeurs de faire des économies, sur le dos de travailleurs davantage déshumanisés.
Quant à l’aspiration d’une baisse du temps de travail avec la semaine de travail de quatre jours, portée par la CGT, elle s’est muée sous la houlette du gouvernement Attal, et avec l’assentiment des patronats, en une incitation à la semaine « en » 4 jours, avec la même charge de travail, sans revalorisation salariale ni partage du temps de travail favorable à l’emploi.
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