Bernard Arnault semblait envieux. Invité à Washington, pour la cérémonie d’investiture de Donald Trump, le 20 janvier dernier, le patron du géant du luxe LVMH en était ressorti plein d’étoiles dans les yeux : « Je reviens des États-Unis et j’ai pu voir le vent d’optimisme qui régnait dans ce pays. » Plus de deux mois plus tard, « la douche froide » qu’il disait alors ressentir en France s’avère venir d’Amérique du Nord.
La guerre commerciale entreprise par son ami Donald Trump frappe de plein fouet son empire financier. À tel point que, selon les informations du Canard enchaîné, le milliardaire s’est rendu à la Maison Blanche, le 26 mars dernier. « Le magnat du luxe, 5e fortune mondiale (il est passé sixième au 1er avril, selon le magazine Forbes – NDLR) comptait sur cette rencontre au sommet pour que le président américain lui taille des droits de douane sur mesure », annonce l’hebdomadaire satirique.
Les actions de LVMH ont dégringolé de 5,6 % en une seule journée
Alors que LVMH a réalisé, en 2024, un quart de ses 84,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires aux États-Unis, le milliardaire a donc tenté de sauver son empire – et sa fortune personnelle – auprès de son homologue, qu’il côtoie depuis près de quarante ans. Tentative ratée, le président des États-Unis étant déterminé à mener sa guerre commerciale jusqu’au bout, quitte à mettre en branle l’économie mondiale et celle de ses propres citoyens.
Les premières conséquences des 20 % de droits de douane imposés par Donald Trump à l’Europe se ressentent ainsi déjà dans les couloirs de LVMH. Les actions du géant du luxe (Louis Vuitton, Dior, Tiffany & C., Moët & Chandon, Sephora, etc.) ont dégringolé de 5,6 % en une seule journée, le 3 avril dernier. Depuis l’investiture de Donald Trump, la valorisation en Bourse du groupe a, plus largement, fondu de 87 milliards d’euros.
Bernard Arnault a quant à lui vu sa fortune chuter de 7,56 milliards, aussi en une seule journée lundi 7 avril, et de 26,2 milliards depuis le début de l’année. « Le père Arnault a voulu la jouer solo en misant sur sa relation personnelle de longue date avec Trump, il a perdu », se désole un grand patron interrogé par le Canard enchaîné. « C’était bien la peine de cirer les pompes du 47e président américain », moque l’hebdomadaire, qui rappelle que Bernard Arnault avait envoyé l’un de ses fils, Alexandre, suivre un meeting du candidat Trump en guise de soutien.
Le journal satirique rappelle aussi que le milliardaire – qui ne cesse de se retrouver sous le feu des projecteurs pour ses nombreuses affaires, du travail illégal imposé à un cuisinier de Dior à l’espionnage du député-reporter François Ruffin -, avait réussi à obtenir un traitement de faveur lors du premier mandat de Donald Trump.
Le locataire de la Maison Blanche avait, à l’époque, exempté de taxes supplémentaires les champagnes, les cognacs et la maroquinerie. Trois produits que le groupe LVMH produit et exporte dans le monde entier. « Mais le cadeau n’était pas totalement gratuit, pointe le Canard enchaîné. Le 17 octobre 2019, quelques heures avant cette annonce, Bernard Arnault avait inauguré, main dans la main avec le Président, un nouvel atelier Louis Vuitton au Texas. » Leur si longue amitié semble finalement à géométrie variable.
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