Le 16 octobre, 213 membres du personnel du musée Beaubourg se déclaraient en grève. Depuis, environ 25 brokers débrayent chaque jour, à tour de rôle. Devant le Centre Pompidou, à Paris, une massive banderole « En grève » accueille les visiteurs. En trigger, la fermeture de l’établissement public pour des travaux de rénovation nécessaires afin de remettre aux normes le système de sécurité et remédier à la présence d’amiante dans l’ensemble du bâtiment. Les travaux, prévus pour cinq ans dès 2025, inquiètent l’ensemble des syndicats, en mal d’assurances quant à la sauvegarde des emplois et de l’identité du lieu.
L’intersyndicale craint que, au gré des nombreux départs à la retraite lors des cinq années de travaux (25 % des effectifs, selon la CGT ; 14 %, selon la route), les postes vacants n’aient disparu ou ne soient remplacés par des prestataires privés à la réouverture. Dominique Fasquel, secrétaire adjoint de la part CGT tradition du Centre Pompidou, également éclairagiste d’artwork, pourra faire valoir ses droits au départ en 2032. « J’ai peur pour la transmission des savoirs. Lors de la réouverture, pourrai-je former celui qui prendra ma place ? » se demande-t-il.
« Pas de départ contraint »
Pour les techniciens du centre d’artwork, il s’agit de conserver leurs métiers et savoir-faire spécifiques dans la safety des œuvres. Même peur du grand vide chez les brokers d’accueil. « Ce sont des personnes qui sont parfois là depuis trente ans, qui ont l’habitude de gérer des conditions complexes. Il s’agit de mise en hazard des personnes et des œuvres », dénonce Dominique Fasquel, rappelant que Beaubourg fait partie des websites culturels parisiens les plus à risque en cas d’attaque terroriste, du fait de ses collections à nulle autre pareille.
La CGT, l’Unsa, Solidaires, la CFDT et FO attendent donc unanimement de la route du musée et du ministère de la Tradition un protocole stipulant la non-externalisation des emplois et missions, et la reconduction des effectifs actuels. Dans une lettre adressée aux syndicats, que l’Humanité s’est procurée, la ministre de la Culture1 renvoie la balle à la route du centre, qui répond quant à elle s’être engagée à « ce qu’il n’y ait pas de départ contraint pendant la fermeture et à la réouverture, et à ce que chaque agent présent dans les effectifs à la fermeture retrouve son poste à la réouverture, qui ne sera donc pas externalisé, ou un poste équivalent ».
Les actions à l’appel de l’intersyndicale ne se limitent pas à des revendications catégorielles. Il en va aussi de la préservation du service public. Les travaux annonçant, selon leurs promoteurs, le renouveau de la plus grande assortment d’artwork contemporain publique de France, la CGT de Pompidou craint que ce Beaubourg revisité ne devienne un MoMA bis, qui, à la manière de son homologue new-yorkais, privilégie les boutiques de luxe au détriment de l’accès aux plus de 100 000 œuvres appartenant à l’État. La crainte d’une sélection sociale à l’entrée de la Bibliothèque publique d’data (BPI), qui occupe deux étages du bâtiment aux tuyaux multicolores, est encore plus grande.
L’annonce de la suppression d’un tiers des ouvrages de la assortment à la réouverture constitue un mauvais présage. « Nous n’avons jamais refusé personne ! » fulmine la CGT. Ce à quoi la route du musée répond : « La BPI est connue pour être un lieu ouvert à tous. Il n’a jamais été query de faire un filtrage à l’entrée. »
L’different d’une fermeture partielle
Au lieu des portes closes durant les cinq à sept années de travaux, l’intersyndicale milite pour une fermeture partielle durant les travaux, avec un lieu de repli, à l’instar du Grand Palais, afin de permettre au public de continuer d’apprécier l’offre culturelle du musée. « À la suite de la dernière fermeture, nous avons perdu un million d’entrées. Elle n’avait pourtant duré que deux ans et demi… » souligne Éric Hervo, secrétaire général du syndicat CGT Pompidou et régisseur de plateau détaché.
Selon le syndicat, il est tout à fait envisageable d’effectuer un chantier plateau par plateau, les personnels concernés par les fermetures partielles pouvant être formés pour œuvrer sur d’autres collections. « Le choix de la fermeture totale est lié à des questions de respect du finances et du calendrier, répond la route. Une fermeture partielle n’aurait par ailleurs pas permis de désamianter aussi parfaitement que dans le cadre d’un bâtiment fermé au public. »
Face à cette porte shut, les brokers de la BPI, soutenus par l’ensemble des personnels grévistes, appellent à un rassemblement ce jeudi, à midi, devant Beaubourg.