Il n’y a finalement pas eu d’eau dans le vin. Ce mercredi 3 avril, les exploitants des domaines viticoles du chablis respiraient alors que le Serein entamait sa décrue. « On n’a rien eu ou presque. Et c’est redescendu très vite », se félicitait Marc Cameron, du domaine Servin, heureux d’avoir pu compter sur les trente centimètres de surélévation des fûts de grands crus.
Si, dans l’Yonne, les communes de Tonnerre et Chablis envisagent la décrue, plus en aval, Brienon-sur-Armançon s’attendait en fin d’après-midi à subir l’onde. Ailleurs, l’Aube, la Côte d’Or et la Haute-Marne ont été placées en vigilance orange pour la nuit de mercredi à jeudi.
Le week-end dernier, la Haute-Vienne avait subi les éléments. En une semaine, l’Indre-et-Loire, la Vienne, la Gironde, la Dordogne, la Charente-Maritime et la Charente ont connu des débordements de cours d’eau gonflés par un excédent pluviométrique moyen de près de 85 % dans le pays pour le mois de mars.
Dans le Pas-de-Calais et le Nord, les inondations ont coûté 640 millions d’euros
Ces départements s’ajoutent à la longue liste des zones touchées par les intempéries. Entre novembre et janvier, 205 villes du Pas-de-Calais et du Nord avaient été classées en état de catastrophe naturelle. Le coût des inondations y a été estimé à 640 millions d’euros par la Caisse centrale de réassurance (CCR). Soit une petite part des 6,5 milliards d’euros que les assureurs ont dû débourser en couverture des dégâts engendrés par 15 tempêtes, 14 inondations et des hautes températures record alliées à la sécheresse.
Selon France Assureurs, l’année dernière fut la troisième année la plus grave en termes de sinistres climatiques, après 1999 et 2022. Les coûts engendrés par le dérèglement devraient flamber de plus de 50 % à horizon 2025, estime le gouvernement.
Chez les assureurs et réassureurs, l’état d’alerte est atteint, d’autant que certains se retirent déjà des zones les plus à risques. Pour éviter que le système français de couverture ne craque (aux assureurs, les tempêtes ou grêle ; pour moitié, les inondations et sécheresses, l’autre moitié étant couverte par le régime Cat-Nat de l’État), un rapport vient d’être remis à Bercy. Celui-ci préconise de muscler la mutualisation et la prévention des coûts.
Un mécanisme de « vases communicants » est ainsi imaginé « entre les primes des zones peu exposées et celles plus exposées, de manière à inciter les assureurs à (y) rester ». Pour renforcer de 1,3 milliard d’euros par an le régime Cat-Nat et le fonds Barnier de prévention des risques naturels majeurs, le rapport propose aussi d’augmenter de « 1 % par an la surprime » payée par les assurés, que Bercy a déjà annoncé faire passer de 12 % à 20 % dès 2025.
Côté prévention, une carte de France des risques, du vert au rouge, doit aider assurés et assureurs à les prendre en compte, y compris jusqu’à l’abandon du bien immobilier. Dans les zones rouges, un « diagnostic de résilience » doit éclairer sur les travaux obligatoires à réaliser pour éviter le sinistre suivant, avec l’aide d’une plateforme comme MaPrimRénov’.
Ces 37 recommandations sont censées abonder le troisième plan national d’adaptation au changement climatique, avec des changements réglementaires ou des mesures dans le budget 2025.