Le constat est indéniable : l’extrême droite monte. Dans les urnes, Marine Le Pen a fait progresser, au premier tour de 2022, le rating de son père en 2002 de 140 %, avant de faire élire 89 députés. Depuis, les sondages se suivent et empirent. Aidée par la complaisance médiatique et les « plateaux d’argent » offerts par la Macronie – selon les mots de la députée Renaissance Nadia Hai à propos de la loi immigration, lundi 11 décembre –, l’picture du Rassemblement nationwide n’a jamais été aussi radieuse. Pour la première fois depuis 1984, les Français sont plus nombreux à penser que le Rassemblement nationwide ne présente pas de hazard pour la démocratie (45 %) que le contraire (41 %), selon l’institut Verian-Epoka. Les différentes listes d’extrême droite sont annoncées autour de 35 % aux élections européennes de juin et Jordan Bardella, président du RN, ferait même « un bon premier ministre de cohabitation » pour 46 % des Français, selon un sondage Elabe publié mercredi.
Une bataille culturelle qui porte ses fruits
Faut-il pour autant en conclure que les idées sécuritaires et xénophobes du RN progressent massivement dans la société française ? Selon Jérôme Fourquet, « l’évolution des votes est forcément un bon indicateur de la diffusion de tel ou tel corpus idéologique ». Le politiste, sondeur à l’Ifop, souligne surtout que « la bataille culturelle du RN, menée sur les réseaux sociaux, la tradition et les médias traditionnels porte ses fruits ». Cette guerre des mots et des idées conduit au fait que, pour 53 % des Français (Ifop, 2022), la théorie raciste et complotiste du « grand remplacement » est une « réalité en France ».