Le premier adjoint au maire de Nîmes, Julien Plantier, qui s’est déclaré candidat aux municipales 2026, a réservé sa première prise de parole à Midi Libre. Il explique son choix et ses ambitions.
Pourquoi avoir choisi de vous déclarer candidat le 23 janvier ? Pourquoi si tôt, à 13 mois des élections municipales de mars 2026 ?
D’abord parce que l’élection municipale est la plus importante vis-à-vis de nos concitoyens : il y a un vrai lien direct entre l’électeur, le maire et les administrés. Et puis, il y a la fin d’un cycle. Qu’on le veuille ou non, le fait que Jean-Paul Fournier annonce il y a un an maintenant qu’il ne se représenterait pas à un cinquième mandat, c’est le point de départ pour moi avec la question de sa succession qui a été ouverte. Il souhaitait qu’il y ait un accord entre Franck Proust et moi. Partant de là, j’ai attaqué un raisonnement et un cheminement personnel et intellectuel qui m’a amené, un an après cette annonce à déclarer ma candidature. Je ne me suis pas levé hier matin en me disant que j’allais être candidat. Depuis l’annonce de Jean-Paul Fournier, j’ai réfléchi, j’ai consulté, j’ai mis en place une organisation que je vais présenter progressivement.
Se déclarer si tôt, n’est-ce pas le risque de s’essouffler ?
Pour moi, ce n’est pas trop tôt. Le calendrier électoral a été clarifié par l’AMF avec le gouvernement. On est fin janvier, nous sommes à peine plus d’un an. Et je crois profondément que tout décideur public qu’il soit, une certaine clarté et une certaine transparence sont nécessaires. Certains éléments ont aussi été pris en compte : les difficultés de Jean-Paul Fournier à l’été dernier, dans mon cheminement collectif avec Franck Proust, ma volonté d’atteindre que son issue judiciaire soit passée. Je travaille cette question depuis un an, elle a été mûrement réfléchie, j’en avais parlé avec Jean-Paul Fournier à plusieurs reprises. Je n’ai pris personne par défaut. Selon moi, c’est le bon tempo. Et puis je rafraîchis la mémoire à certains : en février 2013, pour des élections en mars 2014, Franck Proust annonçait dans vos colonnes que si Jean-Paul Fournier n’était pas candidat, il le serait. Il était premier adjoint au maire de Nîmes et député européen. Soyons réalistes sur la situation.
Pourquoi, quitte à atteindre depuis plusieurs mois, ne pas avoir patienté jusqu’à l’arbitrage souhaité par Jean-Paul Fournier entre Franck Proust et vous ?
Les mots ont un sens. Même si on sent que les choses évoluent, Jean-Paul Fournier a dit pour moi deux choses importantes cette année : le fait qu’il ne se représente pas et l’accord qu’il souhaitait entre Franck et moi. Et je rajoute sa phrase sur le fait que si nous ne parvenions pas à un accord, il resterait chez lui.
Est-ce que c’est parce que vous avez senti dernièrement une légère préférence du maire envers Franck Proust que vous avez décidé d’y aller ?
Non, pas du tout. C’est la première fois que je me présente à des municipales, mais j’ai eu l’occasion de me présenter à d’autres mandats. C’est un acte fort, qui marque un certain courage, des responsabilités parce que je ne m’engage pas seul, derrière il y a une équipe qui va m’accompagner. Et pour être honnête, je ne vais pas attendre qu’un parti politique désigne un candidat ou que d’autres potentiels candidats se déclarent. Je me suis fixé mon propre calendrier, je le respecte.
Quand Richard Tibérino, patron des LR dans le Gard, estime que votre acte de candidature est un manque de respect envers Jean-Paul Fournier, que lui répondez-vous ?
J’ai connu Jean-Paul Fournier en 2005, j’étais simple militant en tant que jeune étudiant à l’université. C’est grâce à lui que j’ai pu gravir un certain nombre d’échelons. Ça aurait été un manque de respect si je ne lui avais dit et s’il m’avait demandé officiellement et solennellement de ne pas me porter candidat. Je ne suis pas passé en force.
Que vous a-t-il dit dans ce cas ?
Je reviens encore en arrière : il souhaitait un accord avec Franck et moi. Cela fait plus de six mois que je souhaitais qu’on échange. Je voyais bien que Franck commençait à s’intéresser fortement à un certain nombre de dossiers locaux… Malgré mes sollicitations répétées, les mois sont passés sans qu’un rendez-vous ne soit calé. Sauf que préparer un projet, une campagne demande du temps. Quand j’ai annoncé ma candidature à Jean-Paul Fournier, je n’ai pas senti de surprise.
Mais une certaine contrariété tout de même.
Que je peux comprendre ! Mais depuis le début, je tends la main à Franck pour qu’on puisse réfléchir à une répartition des rôles entre la Ville et l’Agglo. Et je souhaite continuer à discuter. Il faut faire preuve d’une intelligence territoriale. Une Ville et une Agglo de cette taille, même gérées à deux, cela prend du temps et reste complexe. On peut tout à fait travailler de manière intelligente au service du territoire, dans une certaine complémentarité générationnelle, par rapport à l’expérience et à nos qualités respectives.
Si, demain, vous n’avez pas l’investiture des Républicains, poursuivez-vous l’aventure ?
Lorsque je me suis engagé en politique en 2005, j’ai pris ma carte à l’UMP. Je suis un militant politique : j’ai occupé la quasi-totalité des fonctions dans les statuts des partis à l’UMP ou aux Républicains, que ce soit responsable des jeunes, délégué de circonscription, secrétaire départemental adjoint de la fédération, candidat à des élections locales, ou nationale… Je crois qu’aujourd’hui que les gens qui me connaissent savent que je suis un homme de droite. Évidemment que je ne me fiche pas de l’aspect politique des choses. Mais j’ai établi un certain nombre de constats vis-à-vis de cet engagement politique entre 2005 et 2022…
2022 où vous avez déjà marqué une rupture avec les Républicains en démissionnant, le 26 avril après le fiasco de Valérie Pécresse aux Présidentielles, de vos fonctions de secrétaire adjoint du parti dans le Gard.
Tout à fait. Jusque-là, j’ai tracté, milité, collé des affiches, j’ai vécu des moments formidables dans ma famille politique. Mais en 2022, j’ai fait le constat que notre famille politique n’était plus représentative des attentes de nos concitoyens. Lorsqu’on a un parti politique dit de gouvernement qui fait des scores aussi bas aux Présidentielles, au niveau des législatives, au niveau national ou au niveau local, il faut se poser les bonnes questions. Jean-Paul Fournier, en 2020, n’a pas été élu parce qu’il était Républicain, mais parce qu’il était Jean-Paul Fournier. On a d’ailleurs intégré ensuite un certain nombre de personnes issues de la société civile qui n’étaient encartées UMP. Vous dire que le fait que je ne sois pas investi par les Républicains sera un inconvénient, je n’en suis pas certain, au contraire. J’ai lu ce qu’a dit Richard Tibérino. Mais je trouve dommage que la question de la succession de Jean-Paul Fournier se résume à une potentielle investiture décidée et à Paris et donnée par un parti politique qui a fait 6 % aux dernières législatives sur Nîmes.
Que mérite justement la succession de Jean-Paul Fournier ? Quels axes le candidat Plantier va-t-il défendre ?
Il y a deux temps : celui, actuel, de la candidature. Alors que Jean-Paul Fournier termine, et moi avec lui, un quatrième mandat. Il n’est pas chose aisée de tenir dans le temps une politique qui est menée avec tant de force, de rigueur et d’assiduité. Je pense que le logiciel a changé : arriver quatre mois avant avec une équipe et un projet tout fait, c’est révolu. Il faut qu’on arrive à redonner une certaine confiance en la politique à nos électeurs. Et pour qu’on tente d’y arriver, il faut qu’ils se sentent acteurs. L’idée, c’est que pendant toute l’année 2025, on puisse présenter un cadre au sein duquel on pourra encadrer les axes sur lesquels on demandera à nos concitoyens de réfléchir. Et que pendant cette année, on puisse écouter, entendre et concerter la population. Ce n’est pas un vain mot. D’ici quinze jours, je présenterai un binôme, une femme et un homme, qui seront chargés de travailler et conceptualiser ce projet, avec des thématiques qu’on est en train de finaliser. Avec un support juridique, une association, qui va nous permettre de faire vivre cette réflexion. Je crois beaucoup à la méritocratie, au vivre-ensemble, à la solidarité, qui est nécessaire pour faire cohabiter les populations.
Ce binôme, sont-ils des élus, des personnes issues de la société publique ?
Vous le verrez ! Ils seront présentés avant les vacances de février.
Votre équipe est-elle constituée ?
Même si c’est une démarche personnelle, je n’imagine pas cette aventure sans des femmes et des hommes à mes côtés. Aujourd’hui, j’en ai de l’équipe municipale, de l’extérieur aussi qui m’accompagneront dans cette démarche.
Au-delà de Jean-Paul Fournier et Franck Proust, comment a été accueillie votre candidature au sein de votre majorité municipale ?
Elle était latente. Un certain nombre de collègues élus m’ont soutenu et ont accueilli avec envie et engouement ma candidature. D’autres ont désapprouvé. Mais nous continuerons à travailler ensemble au service du mandat de Jean-Paul Fournier. Par contre, j’ai proposé ma démission au poste de président de groupe de la majorité municipale à Jean-Paul Fournier et il l’a accepté. Cela me semblait normal pour des raisons de cohésion.
Ce vendredi matin, vous êtes-vous réveillé en vous disant que vous avez fait le bon choix ?
Je vous le dirai en mars 2026. Mais à partir du moment où on le fait avec passion et engagement, on se trompe rarement.
Pourquoi vouloir devenir maire au vu de la complexité du monde politique aujourd’hui ?
ll y a certainement des situations où je serais plus à l’aise ou plus serein, mais c’est juste la passion. Par rapport à un territoire : je suis Nîmois, fier de l’être et j’ai envie de rendre à ma ville ce qu’elle m’a donné. Au moment où on réfléchit à la succession de celui qui est pour moi le plus grand maire que Nîmes ait connu, je n’aurais pas envisagé de ne pas contribuer à participer à la défense cet héritage.
Que pensez-vous pouvoir amener à cette ville ?
On est sur une ville à taille humaine dans laquelle il fait bon vivre.
Cela dépend dans quel quartier et à quelle heure…
Globalement, il fait bon vivre. L’ensemble des politiques publiques qu’on met en place depuis 20 ans contibue à cette recherche du caractère du cadre de vie. Mais au bout de 25 ans de mandat, si des choses remarquables ont été faites, il faut avoir la lucidité de dire qu’on n’a pas tout bien fait et qu’il faut écrire un nouveau livre. La politique, c’est travailler pour les générations à venir. Il faut travailler sur le Nîmes de demain.
On a souvent pu vous reprocher une attitude froide, voire hautaine. L’entendez-vous ?
Oui. Mais je l’entends moins ces derniers mois. Peut-être parce que je me suis aussi ouvert. La vie s’est faite : en étant marié, jeune papa, je vois aussi la vie différemment. C’était une réserve aussi qui a parfois été mal interprétée.
Pensez-vous déjà à des alliances possibles, à l’image de ce qui se fait au national, avec Valérie Rouverand pour Renaissance ou un représentant Horizons ?
Il n’est pas question d’une quelconque alliance avec des personnes qui sont aujourd’hui dans l’opposition.