La « véritable saignée » doit cesser : l’enseignement public nécessite urgemment de plus de moyens. Ce que les syndicats d’enseignants tentent d’expliquer, en vain, se vérifie à nouveau. Quand des financements publics sont déployés, les conséquences sont visibles. Le ministère de l’Éducation nationale et son service statistique, la Depp, ont publié, jeudi 7 novembre, les résultats des évaluations nationales notamment de 6e, de 4e, et de seconde. Et parmi les conclusions, l’une d’elles est frappante. Au sein des établissements des zones REP + (réseau d’éducation prioritaire), où plus de moyens financiers sont alloués, des progrès sont à noter au regard des années précédentes.
L’évolution des résultats des évaluations nationales est observée entre 2017 et 2024 pour les jeunes de 6e. Pour ces élèves, les résultats ont augmenté en français (+ 6 points). Et ce progrès est particulièrement visible sur les élèves scolarisés en REP +. D’ailleurs, le pourcentage d’élèves situés dans les groupes de performance les plus faibles y est passé de 60,7 % à 52,7 %, explique franceinfo.
Si, en mathématiques, les résultats sont globalement stables, on note encore une fois une hausse pour les REP +. Le ministère attribue notamment cette évolution positive pour les élèves d’éducation prioritaire au dédoublement des classes en CP et CE1, commencée en 2017.
L’écart en mathématiques entre les garçons et les filles se creuse en 6e
Le ministère a d’ailleurs indiqué à la presse : « Sur le long terme, on voit quelques résultats des politiques mises en place ces dernières années – plan mathématiques, plan français, dédoublement des classes en éducation prioritaire – mais ce n’est pas suffisant ».
Ces chiffres montrent surtout l’urgence de cesser les suppressions de postes dans l’Éducation nationale. Pourtant, un mois plus tôt, le gouvernement a annoncé 4 000 postes en moins. Une honte pour les syndicats d’enseignants, déjà mobilisés ces derniers mois contre le « choc des savoirs » voulu par Gabriel Attal, mais aussi pour obtenir les moyens d’exercer dans de bonnes conditions.
Et d’autres données montrent certaines problématiques au sein de l’Éducation nationale, également déplorées depuis des années par les syndicats d’enseignants. Toujours en 6e, on remarque que les garçons sont meilleurs que les filles en mathématiques, et que cet écart se creuse. À l’inverse, les filles sont au-dessus des garçons en français, mais l’écart se résorbe.
Des résultats de 4e considérés comme « inquiétants » par le ministère
Entre l’année 2023 et l’année 2024, durant l’année de 4e, les résultats en français sont en léger recul, alors qu’ils sont stables en mathématiques. Mais les filles sont plus nombreuses à appartenir aux groupes les moins performants (37 % en 2024 contre 35,6 % en 2023).
Des résultats considérés comme « inquiétants » par le ministère, selon qui les difficultés mesurées sont celles déjà repérées en 6e. Leurs performances en deçà des attentes peuvent en partie s’expliquer par les confinements liés au Covid-19 subis quand ces élèves étaient scolarisés en CM1 et CM2. En seconde, les résultats montrent une progression des performances en mathématiques et un retrait en français, quand on les compare à ceux des trois années précédentes, qui ont suivi la période de crise sanitaire.
En tout état de cause, le ministère a, lors de sa déclaration à la presse, d’avantage mis l’accent sur les résultats « inquiétants », que sur les conséquences visibles engendrées par une hausse de budget alloué à l’Éducation nationale. D’ailleurs, pour le fondateur du média spécialisé le Café pédagogique, François Jarraud, sur X (ex-Twitter), il ne faudrait pas oublier que « ces évaluations ne sont qu’un instrument politique ». Et de poursuivre : « On ne va pas tarder à en connaître les suites. »
Avant de partir, une dernière chose…
Contrairement à 90% des médias français aujourd’hui, l’Humanité ne dépend ni de grands groupes ni de milliardaires. Cela signifie que :
nous vous apportons des informations impartiales, sans compromis. Mais aussi que
nous n’avons pas les moyens financiers dont bénéficient les autres médias.
L’information indépendante et de qualité a un coût. Payez-le.Je veux en savoir plus