Si le constat n’est pas surprenant, il montre toutefois l’ampleur de l’impact des politiques publiques en ville sur la vie des citadins. Une étude de Santé publique France, dévoilée ce jeudi 5 décembre, a évalué quantitativement les impacts sur la santé de la mise en place d’actions en faveur de plusieurs mesures dans les métropoles, en collaboration avec Lille, Montpellier et Rouen.
Il en ressort que « les politiques publiques visant à augmenter le nombre d’espaces verts urbains, promouvoir les mobilités actives (marche et vélo), améliorer la qualité de l’air, réduire le bruit des transports et la chaleur en ville se traduisent annuellement par des bénéfices importants pour la santé de l’ensemble des habitants de chaque métropole, en termes de mortalité, de morbidité, de recours aux soins et de gêne », résume un communiqué de l’agence nationale de santé publique.
« En végétalisant davantage, la mortalité pourrait être réduite de 3 à 7 % »
Avec cette étude, l’agence de santé espère aider à orienter les politiques des collectivités locales. « Ces actions essentielles dans la lutte contre le changement climatique et la préservation de la biodiversité contribuent également à protéger la santé », poursuit le communiqué. Si l’étude établit des ordres de grandeur, associés à des scénarios d’actions ambitieux, elle rappelle néanmoins que toute action dans ce sens a des bénéfices pour la santé.
Cette étude s’appuie sur une méthodologie « robuste et rodée sur la pollution de l’air, appliquée pour la première fois à d’autres déterminants » de santé, a expliqué Mélina Le Barbier, directrice adjointe de la direction Santé Environnement Travail, lors d’une conférence de presse. Elle utilise des données, locales et nationales, de 2015 à 2017, voire 2019, selon les déterminants. Les années Covid n’y sont pas incluses.
Et après trois ans de travail, plusieurs enseignements sont révélés par l’étude. Déjà, le verdissement urbain peut épargner beaucoup de vies. « En végétalisant davantage, la mortalité pourrait être réduite de 3 à 7 % selon la métropole » relate l’étude. Cela supposerait d’atteindre dans tous les quartiers les niveaux de végétation des quartiers les plus verts.
Faire 90 % des déplacements de moins de 1 km en marchant éviterait « entre 100 et 200 décès par an selon la métropole »
Pour les mobilités actives, l’analyse se concentre sur la marche et le vélo. « Si chaque habitant de 30 ans et plus marchait 10 minutes de plus chaque jour de la semaine, la mortalité pourrait diminuer de 3 %, soit d’environ 100 à 300 décès par an selon la métropole », selon l’étude.
De plus, « si chaque habitant de 30 ans et plus faisait 10 minutes de vélo de plus chaque jour de la semaine, la mortalité pourrait diminuer de 6 %, soit de 200 à 600 décès par an, selon la métropole », poursuit le document. En outre, faire 90 % des déplacements de moins de 1 km en marchant éviterait « entre 2 et 3 % de la mortalité, soit entre 100 et 200 décès par an », assurent les chercheurs.
Quant à la pollution de l’air, respecter le seuil d’exposition aux particules fines (PM2,5) recommandé par l’Organisation mondiale de la santé pourrait diminuer la mortalité annuelle de 7 à 12 % selon la métropole, soit de 300 à 1 000 décès.
Les résultats s’apprécient à l’échelle de la population d’une métropole
Pour le bruit associé aux transports, le respect des valeurs recommandées par l’OMS permettrait, dans chaque métropole chaque année, d’améliorer le sommeil de plusieurs milliers de personnes et d’éviter de 20 à 90 hospitalisations pour maladie cardiovasculaire. Pour la chaleur, « l’exposition à des températures très élevées a été responsable de 1 % de la mortalité observée durant l’été, soit de 35 à 90 décès par an selon la métropole considérée », dénoncent les experts.
Tous ces résultats ne s’apprécient pas à l’échelle individuelle mais de la population d’une métropole. Par exemple, « si chaque personne augmente de dix minutes sa pratique, ça fait une quantité d’activité physique sur l’ensemble de la population métropolitaine, avec tel ou tel impact de santé », a explicité Mathilde Pascal, chargée d’études à la direction Santé Environnement Travail.
Dans les trois métropoles sur lesquelles l’étude s’est basée, « des plans d’actions sont en cours ou votés pour modifier l’urbanisme, augmenter les espaces verts ou les mobilités, et ces résultats viennent illustrer l’intérêt de ces actions », déclare le responsable d’unité de Santé Publique France Guillaume Boulanger.
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