Avis par année bénie (harare)Mardi 14 janvier 2025Inter Press Service
HARARE, 14 jan (IPS) – Dans toute l’Afrique, la transformation économique et le développement sont alimentés par deux flux de financement importants : les envois de fonds et la philanthropie. Les deux jouent un rôle vital, mais à mesure que la situation évolue dans de nombreux pays africains, une vérité devient de plus en plus claire : les envois de fonds apparaissent comme une force plus durable et plus digne que la philanthropie traditionnelle.
Alors que la philanthropie, souvent menée par des donateurs bien intentionnés, tend à créer des interventions à court terme, les envois de fonds donnent aux ménages la liberté de définir leur propre avenir.
Les envois de fonds sont étroitement liés à l’identité des Africains qui soutiennent leurs familles et leurs communautés, souvent en partant du principe que si l’un d’entre nous réussit, ils entraîneront tout le monde avec eux.
Fort de ces connaissances, la question se pose : n’est-il pas temps de réimaginer notre approche du développement de l’Afrique et d’exploiter le profond potentiel des envois de fonds ? Une distinction frappante entre les envois de fonds et la philanthropie est que la seconde est souvent le résultat et provient d’un excès, tandis que la première découle d’une culture et d’une attente d’altruisme.
L’ampleur de l’impact
Selon la Banque mondiale, les envois de fonds vers l’Afrique subsaharienne ont dépassé les 50 milliards de dollars en 2023, année où ils ont été considérés comme ayant ralenti, éclipsant les fonds alloués par les organisations philanthropiques et l’aide publique au développement.
Des pays comme l’Égypte, le Nigeria, le Maroc, le Ghana et le Kenya arrivent en tête du classement, les familles utilisant ces fonds pour financer l’éducation, les soins de santé et les petites entreprises.
Contrairement à de nombreuses initiatives caritatives, les envois de fonds vont directement aux destinataires prévus – souvent sans le fardeau des coûts administratifs ou des agendas externes.
Il convient de noter que même si les envois de fonds peuvent être puissants, ils proviennent souvent d’une obligation plutôt que d’une abondance, ce qui peut conduire à une exploitation lorsque l’on s’attend toujours à ce que celui qui donne donne, malgré les liens forts qui existent.
Cette dynamique peut créer un cycle dans lequel les bénéficiaires peuvent se sentir obligés de compter sur ces fonds, ce qui pourrait étouffer l’entrepreneuriat et l’autosuffisance locaux.
En outre, même si les envois de fonds apportent une aide financière immédiate, ils ne résolvent pas toujours les problèmes socio-économiques sous-jacents à l’origine de la migration. En fin de compte, on ne saurait trop insister sur la nécessité de concilier les avantages des envois de fonds avec la nécessité de stratégies de développement durable.
Les interventions philanthropiques, aussi généreuses soient-elles, s’appuient souvent sur des projets spécifiques déterminés par les donateurs, qui décident quelles questions ont priorité, qu’il s’agisse de l’éducation ou de la santé.
Cette approche descendante, bien que bénéfique à court terme, néglige souvent les besoins uniques de chaque communauté, conduisant à une dépendance à l’égard des cycles d’aide plutôt qu’à l’intégration de l’autonomisation.
Lorsque les populations locales ne sont pas impliquées dans le processus de prise de décision, les interventions peuvent rater leur objectif, ne pas correspondre aux contextes culturels ou aux besoins réels.
En conséquence, les communautés peuvent devenir dépendantes de ressources externes, ce qui étouffe l’initiative et l’innovation locales, perpétuant ainsi les cycles de pauvreté. De plus, l’accent mis sur les résultats immédiats éclipse souvent les problèmes systémiques qui entravent le développement à long terme, créant une dynamique dans laquelle les dirigeants locaux se sentent obligés de s’aligner sur les priorités des donateurs au lieu de défendre les véritables besoins de leur communauté.
Par conséquent, même si les efforts philanthropiques peuvent apporter un soutien essentiel, une approche plus collaborative qui donne la priorité à l’engagement et à l’autonomisation des communautés est cruciale pour renforcer la résilience et permettre aux communautés de tracer leur propre voie vers le développement durable.
L’autonomisation par le choix
Les envois de fonds offrent quelque chose que la philanthropie ne peut pas offrir : l’autonomie. Les familles qui reçoivent des fonds décident de la meilleure manière d’allouer ces fonds, en fonction de leurs besoins les plus urgents.
Cette flexibilité construit et renforce l’action tout en préservant et en promouvant la dignité, permettant aux bénéficiaires de relever les défis en temps réel, sans attendre des interventions extérieures.
Une femme vivant dans une zone rurale du Zimbabwe, par exemple, peut recevoir des fonds mensuels d’un parent travaillant au Royaume-Uni. Avec ces fonds, elle pourrait choisir d’envoyer sa fille à l’école tout en investissant dans une entreprise avicole pour générer des revenus supplémentaires. Elle n’est plus seulement une bénéficiaire passive de l’aide ; elle est maintenant un agent actif dans l’économie de sa communauté.
Cela contraste fortement avec les programmes philanthropiques, qui peuvent donner la priorité à l’éducation ou à la santé mais négliger les opportunités d’autonomisation économique à long terme.
Il ne faut cependant pas oublier que de nombreux membres de la diaspora sacrifient leur propre croissance financière pour aider leur famille restée au pays. L’impact est réel, mais le coût invisible pour la diaspora est souvent négligé.
Une alternative durable
Le talon d’Achille de la philanthropie réside souvent dans sa nature à court terme. La lassitude des donateurs, l’évolution des intérêts politiques et le ralentissement économique peuvent mettre fin brusquement à des programmes bien intentionnés, laissant les communautés sans le soutien sur lequel elles comptent.
La recherche met en évidence comment le sous-financement philanthropique et les attentes irréalistes peuvent conduire à l’échec des organisations à but non lucratif à maintenir leurs initiatives sur le long terme, sans doute précisément à cause de ces engagements de courte durée.
En revanche, les envois de fonds constituent une source de revenus plus résiliente. Les communautés de la diaspora ont tendance à continuer à soutenir leurs familles même dans les moments difficiles, garantissant ainsi un flux de fonds stable.
De plus, les envois de fonds sont souvent réinvestis localement, créant des effets d’entraînement qui stimulent les petites entreprises et les marchés locaux. Cette activité économique ascendante nourrit des solutions locales à la pauvreté.
À long terme, cela devrait contribuer à réduire davantage la dépendance à l’égard de l’aide extérieure, dans la mesure où les envois de fonds assurent un flux de fonds stable qui n’est souvent pas affecté par les changements politiques ou économiques dans les pays bénéficiaires.
Un rapport de la Banque mondiale de 2023 souligne que les envois de fonds ont augmenté de 5 % en Afrique subsaharienne, même en période de ralentissement économique mondial, soulignant la résilience de ces flux.
Un nouveau modèle de développement
Soyons clairs, la philanthropie a toujours un rôle essentiel à jouer, en particulier dans les domaines où une aide humanitaire immédiate est requise, comme lors des secours en cas de catastrophe ou lors de crises sanitaires.
Cependant, à mesure que les aspirations économiques de l’Afrique grandissent, il devient urgent de repenser la manière dont le développement est financé et mis en œuvre.
Plutôt que de s’appuyer uniquement sur des modèles pilotés par les donateurs, les gouvernements, les ONG et les institutions internationales devraient se concentrer sur la création d’environnements favorables qui tirent parti des envois de fonds.
Cela signifie et inclut la réduction des frais de transaction, le soutien actif à l’engagement de la diaspora et la construction d’une infrastructure financière permettant aux familles de maximiser ces fonds.
Si la philanthropie veut se débarrasser de bon nombre de ses connotations négatives pour rester pertinente, elle doit évoluer au-delà de la charité. Les partenariats stratégiques avec les communautés de la diaspora peuvent amplifier l’impact des deux flux de financement, en alignant les objectifs des donateurs sur les solutions locales déjà testées grâce aux envois de fonds.
Pour résumer, « la philanthropie naît d’un excès, permettant un changement stratégique à long terme – en construisant des écoles, des hôpitaux et des infrastructures qui brisent les cycles de pauvreté ».
Coup de départ
L’avenir de l’Afrique réside dans l’autonomisation et non dans la dépendance. Les envois de fonds, de par leur nature directe, flexible et durable, représentent une forme digne de soutien disponible.
Alors que les Africains prennent de plus en plus en main leur propre destin, il est essentiel de compléter les efforts philanthropiques par des politiques qui amplifient l’impact des envois de fonds. La leçon est claire : le développement est plus efficace lorsqu’il émane de ceux qu’il est censé servir.
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