Comme une litanie reviennent chaque année les mêmes noms, les mêmes superlatifs et des records toujours galopants. La publication, clôturée jeudi 7 mars, des résultats pour l’année 2023 des entreprises françaises composant l’indice CAC 40 a de nouveau livré son lot de chiffres mirobolants.
TotalEnergies, Veolia, Renault, Schneider, Stellantis, Thalès, Hermès, Renault, L’Oréal… les 38 groupes (hormis Alstom et Pernod Ricard qui ont un exercice décalé) ayant rendu publics leurs comptes ces dernières semaines peuvent se prévaloir d’avoir atteint des sommets historiques en 2023. Selon les données compilées par la fintech Scalens, elles cumulent un bénéfice net record de 153,6 milliards d’euros surpassant le précédent record de 2022, où la barre symbolique des 100 milliards d’euros par an avait déjà été franchie (142 milliards d’euros de bénéfice).
Les entreprises françaises, au sommet du classement pour leur générosité envers leurs actionnaires
Classées parmi les groupes internationaux les plus généreux envers leurs actionnaires, les entreprises françaises n’ont pas démenti les prévisions en leur versant des dividendes s’élevant à 67,8 milliards d’euros (contre 67,5 milliards en 2022) et 30,1 milliards d’euros (24,6 milliards en 2022) de rachats d’actions. Le constat est sans appel : les grands groupes français n’ont jamais autant redistribué de profits aux actionnaires. C’est 17 milliards d’euros de plus que l’an dernier qui était déjà le niveau le plus haut jamais enregistré depuis 2003. Les rachats d’actions, que le gouvernement prétendait vouloir réduire, ont bondi de 30 % d’une année sur l’autre.
Ces résultats n’ont pas manqué de raviver les critiques sur ces dividendes mirobolants et ces rachats d’actions que de nombreuses voix, du monde politique et économique, appellent, en vain, à taxer. « L’indécence du CAC40 : 100 % des groupes ont été soutenus pendant la pandémie de COVID19… et c’est depuis la 3e année que les multinationales du CAC40 engrangent plus de 140 milliards d’euros de profits. Sans qu’il n’y ait de taxation systématique des superprofits en retour », a ainsi relevé l’économiste Maxime Combes, sur le réseau social X (ex-Twitter), qui met en parallèle avec cette explosion de la rémunération des actionnaires du CAC 40, la stagnation, voire la baisse, des salaires, du Smic, des aides sociales…
Envol de l’indice CAC 40 au-delà des 8 000 points, une première
« Je le dis à Bruno Le Maire, avait pour sa part réagi, en février, Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, avant la publication des derniers chiffres. S’il cherche 10 milliards d’euros, je peux lui dire où aller les chercher, en allant ponctionner les 100 milliards d’euros versés aux actionnaires en 2023. À 10 %, ça représente 10 milliards d’euros, sans pénaliser l’action publique ni les Français. » Les syndicats, eux, sont vent debout, la CFE-CGC réclamant par exemple de « couper les subventions publiques aux entreprises qui font du rachat d’actions ».
Quelques jours après les annonces du ministre de l’Économie Bruno Le Maire qui, même s’il s’en défend, préparent les esprits à une nouvelle cure d’austérité, avec jusqu’à près de 30 milliards d’économies prévues sur la dépense publique, la bourse, dopée par l’optimisme des multinationales françaises, n’a pas manqué de saluer cette floraison de records. L’indice CAC 40 s’est envolé jeudi 7 mars au-delà des 8 000 points, pour la première fois de son histoire.