Enfin, le retour à la diplomatie. En huit jours, les huit derniers mois de crise ouverte entre la France et l’Algérie semblent désormais dans le rétroviseur. Après un coup de fil le 31 mars entre les deux présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron, le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot s’est rendu à Alger ce 7 avril. Cette fois-ci, la relation diplomatique est passée par les voies classiques, la présidence de la République et le chef de la diplomatie. Et non par les agitations d’un ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui avait décidé d’en faire un thème électoraliste.
Le ministre des Affaires étrangères a été reçu par son homologue, Ahmed Attaf, puis par Abdelmadjid Tebboune. Après des « échanges approfondis », ils ont convenu de « la réactivation imminente de tous les mécanismes de coopération » entre les deux pays sur les plans sécuritaires (notamment sur le Sahel), migratoire, judiciaire, sur les questions économiques et mémorielles, avec la reprise des travaux de la commission présidée par Benjamin Stora.
« Reprendre le dialogue et réinstaurer la coopération »
Certes, tout n’est pas réglé. « Nous avons des divergences, mais les liens qui nous unissent doivent nous conduire à reprendre le dialogue et à réinstaurer la coopération », a déclaré Jean-Noël Barrot. Le 2 avril, il avait esquissé un retour en arrière – partiel – sur la question du Sahara occidental, à l’origine de la crise l’été dernier : c’est ce sujet qui avait entraîné le rappel par Alger de son ambassadeur, Saïd Moussi, dont le poste est toujours vacant.
Interpellé à l’Assemblée, le ministre des Affaires étrangères a à nouveau évoqué le « plan d’autonomie marocain » sur le Sahara occidental, mais en renvoyant à « une solution politique durable et mutuellement acceptable aux Nations unies ». Une allusion claire au droit international : pour l’ONU, le Sahara occidental est un territoire à décoloniser.
Fin février, à propos des obligations de quitter le territoire français (OQTF), François Bayrou n’avait pas hésité à mettre dans la balance l’accord de 1968, qui régit les conditions d’entrée et de séjour des Algériens en France : il serait « remis en cause » si l’Algérie n’obtempérait pas. Là encore, un coup de pression contre-productif, d’autant que l’accord a depuis la date de son entrée en vigueur perdu une grande partie de ses spécificités et que les règles sont alignées sur celles régissant l’ensemble des étrangers en France.
Cette séquence illustre également à quel point le poids du Rassemblement national pèse dans le comportement du gouvernement, jusque dans les propos du premier ministre, et plus encore dans la politique du ministre de l’Intérieur. Car, côté français, le point de départ réel de cette surenchère date de l’attentat du 22 février dernier à Mulhouse, commis par un ressortissant algérien.
Au lendemain de l’attaque, le président du RN, Jordan Bardella, avait immédiatement instrumentalisé l’attentat en réclamant un bras de fer avec l’Algérie. Autre dossier instrumentalisé : celui de Boualem Sansal. L’écrivain, condamné à cinq ans de prison par la justice algérienne, pourrait être gracié par Abdelmadjid Tebboune. À Alger, Jean-Noël Barrot a plaidé en ce sens.
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