Le sang a coulé à Nouméa. Celui de trois jeunes Kanak, morts sans aucun doute sous les balles des milices « blanches » anti-indépendantistes. Deux venaient de Canala – on ne connaît pas encore leur nom –, le troisième de l’île de Maré et s’appelait Gibril Saïko Salo. Celui d’un jeune gendarme, lui aussi atteint par une arme à feu et décédé au cours de l’après-midi du 15 mai.
Il s’agit du plus grave événement enregistré depuis le 5 mai 1988 et le funeste souvenir des 19 militants indépendantistes et des 2 gendarmes tués ce jour-là, lors de l’assaut de la grotte d’Ouvéa. L’analogie s’arrête là. « Ce n’est pas la même histoire que 1984-1988, nous avons avancé. Mais, aujourd’hui, il faut dire à la jeunesse qu’il faut avancer dans la dignité, la diplomatie, de façon pacifique », exhorte Michel Lolo, membre du collectif Solidarité Kanaky. Pourtant, quarante ans après le début des « événements », les ingrédients semblent les mêmes.
« Nous sommes dans un État de non-droit qui est du côté des milices »
En prenant la parole pour annoncer un bilan provisoire, ce mercredi, le haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, Louis Le Franc, semblait totalement dépassé. Celui que tout le monde appelle le « haussaire » annonçait le décès d’un des jeunes Kanak, « victime d’un tir par balle, pas d’un tir de la police ou de la gendarmerie, mais de quelqu’un qui a certainement voulu se défendre ». Quel aveu pour évoquer ce que tous redoutent à Nouméa et dans les villes calédoniennes : l’existence de véritables milices armées anti-indépendantistes.