Sommée de quitter le camping, une femme de 86 ans s’est pendue le 17 octobre 2024 devant son mobile home, entourée des arbres qu’elle avait plantés il y a trente-quatre ans, lors de son arrivée. La médiatisation du suicide de Paulette Collomb a jeté une lumière crue sur l’absence totale de protection légale des résidents permanents.
Un phénomène documenté par Gaspard Lion, docteur en sociologie et maître de conférences à l’université Sorbonne Paris-Nord, dans le livre Vivre au camping. Un mal-logement des classes populaires, une enquête au long cours effectuée durant une dizaine d’années, dans cinq campings d’Île-de-France au plus près de leur vie quotidienne.
Qui vit aujourd’hui en camping en dehors des vacanciers ?
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De plus en plus de personnes issues des classes populaires y élisent domicile à l’année. La plupart sont des ouvriers, des employés ou des retraités. Beaucoup arrivent après avoir connu des difficultés de logement plus ou moins marquées, mais il y a aussi une part importante – plus d’un tiers des personnes rencontrées – qui aurait pu se maintenir dans le parc locatif sans problème particulier. Pour ces derniers, ce choix est souvent une question de compromis : ils ne peuvent pas acheter surtout dans un contexte où, depuis la seconde moitié des années 1980, l’accession à la propriété des ouvriers recule.
Acquérir un mobile home haut de gamme pour quelques dizaines de milliers d’euros, sans avoir à s’endetter, ou à s’endetter lourdement, leur offre une solution, une façon d’accéder à la propriété et à un habitat individuel. C’est une manière d’échapper aux contraintes d’un parc locatif dégradé et parfois perçu comme peu sécurisant.
En fin de compte, c’est une forme de promotion