Les négociations entrent dans la dernière ligne droite, mais le bout du chemin semble encore très loin. Les syndicats et les organisations patronales discutent de l’emploi des seniors depuis fin décembre 2023, afin d’améliorer (entre autres) la situation de ces derniers sur le marché du travail. Les négociations devaient en principe être bouclées le 26 mars, mais il n’en sera rien : les participants ont jugé préférable de décaler l’échéance au 8 avril, dans l’espoir de déboucher sur un terrain d’entente.
Pour le moment, les choses paraissent mal embarquées. Le Medef a envoyé, il y a quelques jours, un document d’une quarantaine de pages listant toutes les revendications patronales, lequel a reçu un accueil pour le moins glacial des organisations syndicales.
Certaines propositions ne sont pas forcément clivantes en tant que telles : le Medef souhaite par exemple « construire une logique de parcours professionnel en organisant des rendez-vous tout au long de la carrière », avec des entretiens professionnels renforcés dans l’année suivant les 35e, 45e, 55e et 60e anniversaires du salarié, afin de préparer la suite.
« L’entreprise pourra réembaucher un senior à moins cher et c’est l’assurance-chômage qui paiera »
Il en va tout autrement de la proposition de « CDI senior », lequel constitue une ligne rouge pour les organisations syndicales et que le patronat a simplement ripoliné en « CDI de fin de carrière ». L’idée est de proposer ce contrat à des chômeurs âgés d’au moins 60 ans, qui seraient ainsi « accompagnés » jusqu’à la retraite.
Pour les employeurs, ce contrat cumulerait les avantages, puisque le salarié pourrait conserver une partie de ses allocations-chômage en cas de rémunération trop faible. Par ailleurs, l’employeur pourrait mettre le salarié à la retraite d’office dès l’âge du taux plein atteint, sans avoir à s’acquitter de la contribution patronale sur l’indemnité de mise à la retraite de 30 %.
L’idée a suscité une condamnation unanime des syndicats. « Je ne vois pas en quoi ça sécurise l’emploi, estime ainsi Éric Courpotin, de la CFTC. L’entreprise pourra réembaucher un senior à moins cher et c’est l’assurance-chômage qui paiera. » « Le CDI senior, autant vous dire qu’on n’est pas fans, répond de son côté Michel Beaugas, pour FO. On préférerait que les seniors ne sortent pas du tout de l’emploi. » « Le terme de CDI senior a disparu mais la réalité reste la même, s’agace Nathalie Bazire, pour la CGT. Le salarié pourra toujours être remercié du jour au lendemain et n’aura pas de garanties nouvelles. »
Les organisations syndicales avancent pour leur part une série de dix propositions communes : mise en place d’un bilan social de branche fixant un objectif quantitatif et qualitatif en matière de taux d’emploi des seniors ; instauration d’un système de pénalités lorsque les objectifs ne sont pas atteints ; cartographie des métiers à risques afin de prévenir « l’usure professionnelle » ; renforcement du droit à la retraite progressive (possibilité de travailler à temps partiel en fin de carrière), etc. Autant de mesures qui ne rencontrent pas une franche adhésion du côté patronal.