Emmanuel Macron propose dans une vidéo publiée le 7 mai par le magazine Elle d’ouvrir un « débat » sur l’instauration d’un possible « devoir de visite » des pères dans les familles monoparentales, aujourd’hui essentiellement à la charge des femmes. « Il doit y avoir non plus seulement un droit, mais un devoir de visite des pères », a-t-il déclaré au journal féminin. « Un enfant heureux, c’est avec un papa et une maman », a-t-il cru bon d’ajouter, comme en écho aux slogans martelés par la Manif pour tous lors des mobilisations contre le mariage entre personnes de même sexe.
Quid des violences intra familiales ?
Sous couvert de lutter pour un meilleur partage des tâches entre les femmes et les hommes, cette proposition pourrait en réalité s’avérer dangereuse pour les enfants victimes de violences sexuelles, psychologiques ou ceux exposés à des violences conjugales. Comment penser un instant qu’il serait bon pour l’enfant et son développement personnel de continuer à côtoyer un agresseur ? Le président se trompe sur toute la ligne.
Cette proposition du chef de l’état indigne plusieurs associations. Interrogée sur BFMTV, la présidente de la Fédération syndicale des familles monoparentales, Josette Elombo, a déclaré : « On ne peut établir un devoir de visite dans les cas où les séparations sont conflictuelles. La violence n’est pas toujours visible, elle n’est pas toujours connue et donc obliger une maman et ses enfants à voir le père, ça peut être dangereux. » Une position partagée par Osez le féminisme qui dénonce le principe même d’une « idée dangereuse ». « Un homme violent, abusif, défaillant n’est pas un bon père », estime l’association féministe.
Devant le tollé suscité par cette mesure, la ministre Aurore Bergé a précisé qu’il n’était pas question d’obliger les mères à accepter une visite du père en cas de conflit. « Évidemment, la question n’est pas de forcer une relation quand il y a un risque de violence », a-t-elle promis sur Europe1 et CNews.
Militant des droits de l’enfant, Lyes Louffok demande de son côté mieux prendre en compte de l’intérêt de l’enfant. « Le délaissement est une négligence grave, et la négligence est une maltraitance. Si un père fait le choix de ne pas voir son enfant, de le délaisser et de ne pas assumer ses responsabilités, c’est plutôt le retrait de l’autorité parentale qu’il faut envisager », estime-t-il.