Dans le Vercors, personne ne se sentait héros ; ils étaient pourtant une grande menace pour l’Allemagne nazie. Ce mardi 16 avril, un nouvel hommage a été rendu à ceux qui, lors de la Seconde Guerre mondiale, ont pris le maquis. Celui-ci avait une saveur particulière. En huit décennies, des présidents de la République sont venus à Vassieux-en-Vercors, mais jamais pour une visite officielle ou commémoration.
C’était donc une première décidée par Emmanuel Macron. « On attendait ça depuis quatre-vingts ans, s’est ému le résistant Daniel Huillier au micro de France Bleu Isère. C’est une reconnaissance qui, pour moi, est justifiée et honore ceux qui se sont sacrifiés pour la liberté de la France, qui honore les copains qui sont tombés (…) tout ce que ces gens du Vercors et de France ont fait pour la libération de notre pays. »
Le Vercors, symbole de la Résistance française
Dans un discours très émouvant, Emmanuel Macron a rappelé ces « braves », parfois socialistes ou francs-maçons, habitants du Vercors ou fuyant l’horreur, qui ont choisi le « bon chemin » et ont « gravi les cimes, entre la liberté et le courage, pour la liberté et pour la France ». « Ce chemin du Vercors est le nôtre. Le côté du soleil et le côté de l’ombre, telle est notre dette à l’égard du Vercors. Les résistants ici avaient choisi la France libre, le côté du soleil, insiste-t-il. Sur ce plateau, depuis toujours, la liberté est comme chez elle. »
Dans ce massif, dès 1942, résistants volontaires, civils et militaires convaincus s’entraînent à la lutte armée, recueillent des juifs et se préparent au débarquement de Provence, pour attaquer au même moment l’armée allemande. Ce 16 avril n’est pas une date prise au hasard alors que la cérémonie se tient habituellement le 21 juillet.
Il y a quatre-vingts ans, le 16 avril 1944, débute le premier assaut d’envergure de la milice française aux ordres du régime collaborationniste à l’encontre des résistants du maquis, français et étrangers. Ils sont pourchassés, torturés, exécutés durant plusieurs jours. Le président de la République a aussi rappelé que, quelques jours après cette traque, 200 miliciens se sont rendus à l’église, non loin du maquis, pour assister à la messe. « Le curé les interpella : “» “Vous êtes les premiers terroristes que nous accueillons ici !“ »“ » cite Emmanuel Macron.
Quelques mois plus tard, en juillet, c’est au tour de l’armée allemande de s’en prendre aux résistants. Au total, cette année 1944 aura fait plus de 800 morts aux alentours du maquis, résistants comme habitants du Vercors alors fraternellement « silencieux ». Cette tragédie reste aujourd’hui encore un important traumatisme pour les habitants de Vassieux, héritiers de ceux qui ont porté haut la lutte contre la haine et les valeurs d’entraide à l’origine de la République française.
Soucieux d’apparaître en chef de l’État rassembleur, Emmanuel Macron poursuit ici son année mémorielle, après avoir fait entrer les résistances communiste et étrangère au Panthéon avec Missak et Mélinée Manouchian. Cette commémoration marque le début d’une longue séquence d’hommages à l’occasion des quatre-vingts ans de la Libération.