L’ancienne Première ministre est de retour sur le devant de la scène. Toujours en contact avec le président de la République, elle est pressentie pour prendre les rênes du parti de la majorité.
Il ne le dira pas clairement. Le message passe par un sourire et un clin d’œil appuyé. Lors des élections internes à Renaissance qui auront lieu à l’automne, il faudra compter avec Élisabeth Borne. Ce député qui lui est proche en est certain : l’ancienne Première ministre vise le secrétariat général du parti aujourd’hui occupé par Stéphane Séjourné. Une autre élue du Palais Bourbon nous le confirme : “Borne est toujours en contact avec le PR (président de la République en langage macroniste NDLR). Ils se sont entendus pour la suite, elle va jouer un rôle de premier plan.”
Pour cela, la députée du Calvados ne ménage pas sa peine. Elle soutient sans relâche Valérie Hayer la tête de liste de la majorité aux élections européennes. “Élisabeth fait trois réunions publiques par semaine. Ça lui permet dans le même temps de valoriser son bilan”, décrypte l’un de ses proches. La réforme des retraites ? Réussie ! La loi Immigration ? Finalement votée. Les différents projets de lois de Finance ? Adoptés au forceps mais sans blocage !
L’aile gauche de la macronie
L’ex-Première ministre mène en effet parallèlement une campagne plus personnelle. Remerciée par le président de la République le 9 janvier dernier, elle est sortie de Matignon épuisée par l’utilisation de 23 articles 49.3. Dans la foulée, elle prend donc quelques vacances. Mais dès son arrivée au Palais Bourbon, Élisabeth Borne fait savoir qu’elle sillonne à nouveau sa circonscription. “Elle a le temps car en ce moment, nous avons tellement peu de textes à étudier que nous avons le sentiment de faire un mi-temps thérapeutique à l’Assemblée”, sourit un élu.
Parallèlement, l’ancienne Première ministre reçoit de nombreux députés. “Elle travaille beaucoup son réseau, nous explique l’une de ses visiteuses. Elle fait, ce qu’elle n’avait pas eu le temps d’entreprendre à Matignon.” Avec son collègue, l’ancien ministre de l’Agriculture Stéphane Travert, elle entend enfin structurer un réseau d’élus locaux. “Ce réseau existait mais a disparu faute de moyens, nous explique un ancien membre. On voudrait donc le réhabiliter. Ça sera utile un jour.”
Donner une image différente
Élisabeth Borne travaille aussi son image. “Le profil techno qui lui colle à la peau ne lui est pas fidèle. Le terrain est une manière pour elle de se faire connaître différemment”, nous explique un député dont elle est proche. L’ex-locataire de Matignon multiplie donc les rencontres. Le 22 avril, elle animait dans la Sarthe une réunion publique sur l’aide à mourir.
Élisabeth Borne fait aussi un peu de pure politique. Elle a été intégrée récemment au groupe de l’aile gauche de la Macronie qui se réunit tous les mercredis. Après débat, sa candidature a été acceptée.
Une voix dissonante ?
“Nous discutons et ça nous permet de monter en charge sur certains sujets comme la taxation des super profits. En ce moment, nous avons un sujet logement. Nous ne sommes pas d’accord avec la possible modification de la loi SRU”, nous explique l’un des membres.
Faut-il en conclure qu’Élisabeth Borne pourrait bientôt faire entendre une voix dissonante au sein de la majorité ? Sans doute se souvient-elle qu’il y a deux ans, les candidats soutenus par l’Élysée pour la présidence de l’Assemblée et la présidence du groupe ont tous deux échoué face à des dissidents. Un enseignement de poids pour qui aspire à prendre la tête du parti macroniste.Christelle Bertrand