Ce week-end à Villeneuve-Saint-Georges, et plus généralement partout ailleurs en 2026, les Insoumis entendent se présenter seuls aux municipales afin d’acter la division de la gauche.
Pourquoi déclarer une guerre pour d’aussi faibles chances de victoire ? C’est la question que l’on peut se poser en observant les Insoumis préparer seuls les municipales. Alors qu’au niveau national, les proches de Jean-Luc Mélenchon semblent encore vouloir défendre le Nouveau Front Populaire (NFP), ils ont complètement cessé le dialogue avec leurs partenaires socialistes en vue de 2026.
Ce dimanche, une élection va avoir valeur d’exemple : le député Louis Boyard se présente à Villeneuve-Saint-Georges, en banlieue parisienne, à l’occasion d’une municipale partielle. Il aura face à lui un candidat communiste soutenu par les socialistes et les Verts, ce qui rend les possibilités de victoire très maigres mais peu importe.
Jouer de la mandoline
À Toulouse, à Montpellier, à Marseille, à Paris et dans nombre de villes moins importantes, les candidats LFI entendent se présenter seuls ou en partenariat avec les Verts. “Vous croyez qu’on va attendre sous la fenêtre des socialistes en jouant de la mandoline ? Qu’on va le faire avec Benoît Payan, qui nous traite si mal à Marseille ? Donc nous nous préparons”, a ainsi justifié Jean-Luc Mélenchon sur France 3.
Mais pour l’instant seul David Guiraud à Roubaix semble avoir une chance de l’emporter.
La stratégie lfiste n’est pas une stratégie de conquête. Lorsque ses élus se positionnent à Marseille comme Sébastien Delogu ou à Paris comme Sophia Chikirou, ça n’est pas dans l’espoir de remporter ces villes mais plutôt de briser l’élan des socialistes qui les détiennent.
Le récit post-électoral de LFI est déjà écrit, il s’agira d’expliquer que le Parti socialiste appartient au passé, que les électeurs n’en veulent plus même dans ses anciens bastions, et que l’avenir est aux Insoumis. Le leadership à gauche est en jeu.Ce parti pris radical a aussi pour but de clarifier un peu plus encore la ligne des Insoumis.
Là où, lors des dernières municipales et législatives, il avait accepté de faire alliance avec les autres forces de gauche, Jean-Luc Mélenchon souhaite cette fois acter la rupture avec le PS afin de montrer que son parti incarne une gauche idéologiquement pure qui refuse désormais de se dissoudre dans la sociale démocratie.
Séduire les abstentionnistes
Cet acte d’indépendance pourrait en outre attirer de nouveaux électeurs peu enclins à voter pour les partis traditionnels. C’est vers les banlieues que se dirige le regard de l’ex-candidat à la présidentielle Mélenchon qui espère gagner quelques parts de marché chez les abstentionnistes.
Enfin, cette stratégie a pour mérite de rendre visible la marque LFI au niveau local là où bien souvent elle disparaissait à l’issue du second tour. Paris, Marseille, Montpellier sont considérées comme des villes socialistes alors qu’elles ont été emportées grâce au soutien des Insoumis.
Enfin, cerise sur le gâteau, les Insoumis espèrent aussi gagner quelques conseillers municipaux afin de compter des grands électeurs leur permettant d’entrer au Sénat.
Bref, les municipales de 2026 ne feront pas de LFI un parti de maires mais cette désunion de la gauche pourrait faire le bonheur… de la droite. À Paris, Rachida Dati s’en réjouit.