« C’est la première fois que nous réussissons à faire débattre des candidats sur les thématiques de la santé et des pesticides », s’enthousiasme Martin Rieussec-Fournier, administrateur de la Mutuelle familiale et animateur du débat du soir. À quatre jours des élections européennes, une quinzaine de mutuelles avec la participation de l’association Générations futures ont organisé, mercredi 5 juin, au sein des locaux de la Mutuelle de la RATP, deux tables rondes sur le sort réservé aux sujets de l’amiante, pesticides et bio dans la campagne électorale.
Cinq partis politiques ont répondu présent à l’invitation : Mathis Viguier, représentant Les Républicains ; l’eurodéputé sortant pour Les Écologistes Benoit Biteau et 6e sur la liste ; Marina Mesure, 3e liste de la France insoumise et membre de la fédération du bois et bâtiment ; Frédéric Courleux, représentant de Place publique et le Parti socialiste ; et Nicolas Pomiès, représentant du Parti communiste français et mutualiste. Personne n’a « daigné venir » au sein de la liste Renaissance, selon Martin Rieussec-Fournier et les représentants du Rassemblement national et Reconquête n’ont pas été conviés.
La dangerosité de l’effet cocktail
L’invitation à l’évènement du soir est le fruit d’un travail de longue haleine. Le 25 avril dernier, la Cour européenne de justice a rendu deux arrêts, reconnaissant que les États Membres n’évaluaient pas correctement les pesticides, demandant à mieux prendre compte les études scientifiques les plus récentes et à mieux évaluer les effets des perturbateurs endocriniens des pesticides. Les mutuelles à l’origine des tables rondes espéraient alors alerter les élus sur les dangers de ces produits phytosanitaires à travers des colloques au Sénat le 5 février et le 11 avril au Parlement Européen.
« On a été extrêmement critiques sur l’amiante. On aurait aimé que la prise de conscience soit beaucoup plus franche et rapide. Notre position est de dire qu’on a trop tardé et qu’il faut agir sur les expositions à ces produits toxiques aujourd’hui », a lancé Benoît Biteau, le premier à intervenir lors du débat du soir. Sa réponse faisait écho à la demande de retrait de l’amiante des écoles, gymnases et autres bâtiments publics en Europe d’ici 2030 formulée par Maria Pelletier, présidente de Générations futures dans la salle.
Une requête à laquelle le représentant des LR, Mathis Viguier, a botté en touche en appelant à « faire attention aux coûts » que pourraient engendrer cette mesure. Si cette réponse a au moins le mérite de capter l’attention de la vingtaine de personnes présentes dans la salle, la suite des réponses de l’élu a plutôt provoqué des rires circonspects dans le public : « Nous avons un adage chez les LR qui dit : tout est poison, rien n’est poison, cela dépend de la dose ». Une controversée référence à la citation débattue par de nombreux scientifiques du célèbre médecin suisse Paracelse (1493-1541) : « Tout est poison, rien n’est poison : c’est la dose qui fait le poison ». Il va sans dire que l’homme politique était le seul à assumer une telle position parmi les invités.
Consensus sur les pesticides
S’agissant des problématiques sur l’usage des pesticides, le débat a trouvé plus de consensus. Frédéric Courleux juge qu’il existe un « vrai problème » sur l’évaluation de l’effet cocktail — lorsque plusieurs pesticides sont mélangés — rappelant au passage que les agriculteurs sont les premiers à être mis en danger par l’usage de ces intrants chimiques. L’eurodéputée insoumise, Marina Mesure, a, elle, surenchéri sur l’importance de prendre en compte ces problématique et appelé à ce qu’on puisse « éviter que Monsanto (entreprise agrochimique américaine, N.D.L.R.) puisse dépenser des millions en lobbying auprès des députés européens ».
Et concernant la mise en œuvre d’une « Europe 100 % agroécologique sans pesticides d’ici 2050 et 25 % d’ici 2030 », Nicolas Pomiès a proposé, de son côté, d’exclure l’agriculture du « marché délirant » que représente le modèle libéral actuel. « Il faut aussi sortir l’agriculture des accords de libre-échange pour en arriver à une coopération scientifique et sociale », propose le communiste.
« Cette rencontre est une grande première pour nous autre mutuelles », précise Martin Rieussec-Fournier coordinateur des mutuelles. Elle en appelle d’autres à venir dans les prochaines années. Ces organisations — soucieuses de poursuivre le combat d’Ambroise Croizat, père de la Sécurité sociale — défendent notamment une réforme pour réduire de moitié l’usage des pesticides d’ici à 2030, rejetée par le Parlement européen il y a six mois. Mais le combat continue. Ce lundi 3 juin, elles ont d’ailleurs appelé dans une tribune à retrouver dans nos colonnes à une meilleure prise de conscience en faveur d’une santé planétaire.
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