Par Fabien Gay, directeur de l’Humanité
Depuis la Covid 19, notre pays, comme le monde, voit la démultiplication des crises qui font peser de lourdes menaces sur notre humanité. Crises climatiques avec l’accélération d’événements dits naturels de plus en plus violents, comme le cyclone Chido qui a ravagé Mayotte, sans oublier les pluies diluviennes qui ont meurtri la région de Valence. Crises sociales avec des vagues de licenciements partout et une industrie européenne qui souffre du prix de l’énergie mais aussi des stratégies financières des grands groupes.
Pourtant, l’accumulation de richesses aux mains de quelques-uns n’a jamais été aussi forte et la répartition entre le capital et le travail jamais aussi défavorable aux travailleurs. Ils subissent les salaires bloqués, mais aussi l’inflation, l’économie de guerre et maintenant les discours sur la dette. Les tenants des intérêts du capital sont en action, appelant à la « responsabilité », « à la stabilité » pour imposer une nouvelle saignée dans les « dépenses de l’État ». Entendez par là, moins de services publics, moins de remboursements dans la santé, mais aussi revenir sur les trente-cinq heures « pour travailler plus », ou encore dans quelque temps introduire une part de capitalisation dans les retraites. Pour eux, la rupture avec les politiques libérales et austéritaires fait peur. L’enjeu est de taille : suraccumuler les richesses au détriment du vivant et de la nature.
Ce système capitaliste partout en crise rencontre des résistances : ici comme de l’autre côté de l’Atlantique, des peuples se soulèvent pour ne pas sacrifier leur agriculture, leur industrie, leurs vies pour un énième traité de libre-échange qui ne bénéficiera qu’à des multinationales. Ici comme ailleurs, une jeunesse refusant la fatalité de la guerre, car elle est toujours la première envoyée au front, se rebelle contre l’impérialisme, le colonialisme ou le génocide en cours à Gaza. Ici comme partout, des ouvriers épuisés, essorés par ce système, refusent le moins-disant social et la compétition, qui usent leur santé.
En France, le capital a misé sur le président Macron depuis sept ans pour œuvrer à ses seuls intérêts. Mais face aux résistances, ce capital veut aller plus loin, plus vite, plus fort pour détricoter notre modèle social, en finir avec tous les éléments de protection du peuple. Et il est prêt à un nouveau tour de vis austéritaire, y compris sécuritaire et pourquoi pas demain, raciste. Milei en Argentine ou Meloni en Italie font bien l’affaire.
Depuis la dissolution, le président Macron nie le rejet massif de sa politique, exprimé dans les urnes. Coûte que coûte, il utilisera toutes les « combinazione » politiques, en flirtant avec les limites de la Constitution, pour tenir son cap politique : Attal essoré, Barnier censuré, bienvenue à Bayrou le Béarnais. Son discours d’intronisation a montré qu’il ne changera pas de cap. Ne comptez pas sur lui pour abroger la réforme des retraites, augmenter les salaires et les pensions, sauver nos emplois industriels… Ça sera la dette, la dette, la dette.
Et si pour cela, il faut à nouveau dealer avec l’extrême droite pour assurer sa survie, il le fera. Pour rappel, il a parrainé Marine Le Pen en 2022 pour qu’elle soit candidate à l’élection présidentielle. Celui qui a « tordu » le bras au président pour aller à Matignon s’assurera à coup sûr de demander un renvoi d’ascenseur.
Face à ce nouveau coup de force contre la volonté populaire et le choix des urnes du 7 juillet dernier, il faut que les forces de gauche et de l’écologie s’organisent et s’appuient sur le mouvement social en cours, qu’il convient d’élargir et de mobiliser pour contrecarrer les plans élyséens.
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