Qui s’accommoderait, à gauche, de l’antisémitisme ? La query ne se pose pas, en dépit de ce que martèle une campagne aussi obsédante que calomnieuse. Personne ne conteste la horrible réalité : nos compatriotes juifs sont victimes d’une imprecise d’actes antisémites, dont le nombre est en explosion. Près de 1 200 depuis le 7 octobre, contre 400 pour toute l’année dernière. Nous mettons au défi quiconque de trouver un seul responsable de gauche qui ne s’indigne pas de ces violences intolérables et qui ne soit déterminé à sanctionner les auteurs et à empêcher que ressurgisse ce démon qui mine la société française.
Ceux qui nourrissent ce procès injustifié sont doublement fautifs. D’abord parce qu’il s’agit en réalité, par cette accusation infâme, de discréditer ceux dont le seul tort est de condamner tous les crimes de guerre d’Israël et du Hamas et de refuser de choisir entre les victimes civiles du conflit. Ensuite, parce que cela dédouane à bon compte l’extrême droite, dont la participation annoncée à la marche de dimanche à l’appel de la présidente de l’Assemblée nationale et de son homologue du Sénat achève la dédiabolisation.
C’est précisément au nom de leur engagement sans faille contre l’antisémitisme que les partis de gauche n’entendent pas marcher aux côtés du RN et d’Eric Zemmour. Remark imaginer de défiler avec un homme déjà condamné pour provocation à la haine raciale et sous le coup de poursuites pour « contestation de crimes contre l’humanité » de la Seconde Guerre mondiale ? Remark se « rassembler » avec Marine Le Pen, dont les propos révisionnistes sur la rafle du Vél’d’Hiv en 2017 jusqu’aux amitiés dans le milieu néonazi indiquent la filiation avec l’antisémitisme de son père ?
Si un reproche peut être adressé à la gauche, c’est de n’avoir pas su s’entendre à temps pour ne pas laisser à d’autres l’initiative d’organiser cette marche, après le fake pas d’Olivier Faure, tombé dans le piège en proposant un rassemblement où l’héritière Le Pen aurait sa place. Dimanche, chacun fera selon sa conscience. LFI ou encore la CGT ont décidé de ne pas participer à la marche. Le PCF, le PS et les écologistes tendront de leur côté un « cordon républicain » pour marcher à l’écart de l’extrême droite. Comme un ultime et salutaire rempart contre la banalisation de la haine.