« Économie de guerre », le grand mot est lâché. Le voilà repris à longueur d’antenne, à tout propos et hors de propos. Emmanuel Macron l’a lui-même introduit, il y a trois ans, aux tout débuts de la guerre russe contre l’Ukraine. « Nous sommes entrés dans une économie de guerre », annonçait-il. Déjà, en 2020, contre le Covid, il affirmait : « Nous sommes en guerre ! » Elle exerce sur lui une véritable fascination. Il se voit bien en chef de guerre. Son ton martial, son goût pour les réunions d’état-major, y compris pendant la pandémie, son mépris des contre-pouvoirs, tout montre son attirance pour la concentration des pouvoirs et les politiques autoritaires qui accompagnent les situations de guerre.
Loin de moi la volonté de minorer si peu que ce soit les graves dangers de la situation internationale actuelle. Mais s’il faut préparer notre pays et l’Europe à affronter toutes les situations, il faut le faire avec la volonté première de trouver les chemins de la paix et en s’appuyant sur la démocratie. Or la rapidité avec laquelle nos gouvernants et leurs soutiens se saisissent du prétexte des menaces internationales pour immédiatement exiger, non seulement le maintien de la réforme des retraites de 2023 mais un nouveau report de l’âge de départ, accompagné d’un allongement de la durée du travail, a tout de la grosse ficelle. Quelle que soit la situation, les intérêts de classes prédominent, c’est ce que ne cesse de nous démontrer le Medef.
Constituer une « Union sacrée » susceptible de faire taire toute contestation et ainsi parvenir à faire passer de nouvelles réformes antisociales : une véritable aubaine.
Quelle opportunité pour les tenants du capital qu’une « économie de guerre ». Non seulement elle a pour effet de survaloriser une partie du capital, d’accroître les possibilités d’exploitation de la force de travail, mais en plus elle autorise à brimer les contestations sociales et politiques. C’est ce qui s’était produit en 1914-1918, la première fois où s’est mise en place une telle économie. C’est à cette occasion que le mot a été inventé pour signifier la mobilisation de toutes les ressources humaines, matérielles et économiques du pays au service de l’effort de guerre, dans une guerre dite « totale ».
Concentration des pouvoirs, autoritarisme, recul des libertés et de la démocratie sont le deuxième volet d’une telle organisation. Voilà de quoi intéresser les forces qui nous gouvernent. Constituer une « Union sacrée » susceptible de faire taire toute contestation et ainsi parvenir à faire passer de nouvelles réformes antisociales n’ayant absolument rien à voir avec la défense du pays, mais beaucoup avec la soif de profit des actionnaires : une véritable aubaine.
Et, voici qu’on nous accuse d’avoir abusé des « dividendes de la paix ». Un comble. La guerre n’a jamais quitté la planète, au travers de conflits certes localisés, mais derrière lesquels s’affrontent les grandes puissances qui agissent ainsi par procuration. Ces conflits ont produit et produisent encore des centaines de milliers de morts et des atrocités incommensurables. Le commerce des armes ne connaît pas la crise, contrairement aux peuples, le nôtre y compris.
Quant aux dividendes, ce sont surtout les actionnaires, les vrais, qui en bénéficient en monnaie sonnante et trébuchante. Si la paix est un bien plus que précieux à préserver de toutes nos forces, elle n’est que le cadre à partir duquel peuvent se conquérir progrès social et démocratie. Sans luttes sociales et politiques, il en est des dividendes de la paix comme de celui des actions, ils profitent d’abord à ceux qui ont déjà tout !
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