Depuis le 7 octobre, les bombes pleuvent et les économies trinquent. « Vidée de sa substance » après seize années de blocus israélien, l’économie dans la bande de Gaza est désormais en ruine avec l’invasion terrestre de l’armée israélienne suite aux massacres perpétrés par le Hamas. Des milliers de Palestiniens, Gazaouis comme de Cisjordanie, ont perdu toute supply de revenu après la suspension de leur permis de travail par Israël. Avant même que le conflit éclate, « 80 % des habitants de la bande de Gaza étaient dépendants de l’aide internationale », rappelle l’agence de l’ONU chargée du commerce et du développement, estimant « impossibles à définir » les conséquences sonnantes et trébuchantes de toutes ces déflagrations en chaîne.
Selon S&P International, l’économie israélienne, l’une des plus prospères de la région, devrait connaître au quatrième trimestre une baisse de son produit intérieur brut de 5 % sur un an en raison « de perturbations logistiques, de l’interruption des activités, de la réduction de la main-d’œuvre, la suspension de la manufacturing de gaz sur le champ gazier de Tamar et de la baisse des investissements ». Cela ramènerait la croissance pour l’ensemble de l’année à 1,5 %, puis à 0,5 % en 2024. Pour réaliser ses estimations, l’agence de notation a pris deux hypothèses. D’une half, la guerre au Proche-Orient ne durerait que trois à six mois. D’autre half, celle-ci se limiterait « en grande partie à Israël et à Gaza ».
Hors d’Israël, la secrétaire générale du FMI alerte sur la scenario de l’Égypte, du Liban ou de la Jordanie, où « les impacts sont déjà visibles » en raison de leur proximité géographique et de la possibilité que certains elements du conflit s’étendent au-delà de leurs frontières. Le tourisme, grand pourvoyeur d’emplois, est en chute libre. En temps regular, il « fournit 20 % des emplois de la inhabitants en Jordanie et au Liban, 10 % en Égypte et constitue un secteur essential ». Ainsi, selon S&P International, plusieurs agences de voyages en Égypte ont signalé des annulations pour moitié des réservations en novembre et décembre, notamment « de la half de voyageurs européens ». « Des compagnies aériennes telles que Lufthansa, Eurowings et Swiss Air ont suspendu leurs vols vers le Liban à la mi-octobre. » Or, selon leurs calculs, au Liban par exemple, une baisse des recettes touristiques de 10 % à 30 % devrait entraîner une perte économique de 10 % du PIB.
Plus d’un an et demi après le début de la guerre en Ukraine, qui a sérieusement touché l’économie mondiale « en créant le plus grand choc subi par les marchés des matières premières depuis les années 1970 », explique Indermit Gill, économiste en chef de la Banque mondiale et premier vice-président pour l’économie du développement, ce nouveau entrance au Proche-Orient pourrait « entraîner les marchés mondiaux des matières premières en terrain inconnu ». Jusqu’ici, « les cours du pétrole ont augmenté de 6 % environ depuis le début du conflit, tandis que les prix des produits agricoles, de la plupart des métaux et des autres matières premières ont à peine bougé », be aware en prélude l’establishment, avant de décrire les scénarios qui pourraient se dessiner en cas d’élargissement du conflit.
Dans ce premier rapport, elle esquisse trois scénarios « basés sur l’expérience historique depuis les années 1970 » qui simulent chacun un « degré de perturbation des approvisionnements en pétrole ». Pour rappel, la région est la plus grande zone de manufacturing de pétrole dans le monde (30 % de la demande mondiale), mais aussi de gaz (20 %). Ainsi, la variation des prix du pétrole serait comprise dans des fourchettes allant de 3 % à 13 %, 21 % à 35 % ou 56 % à 75 %, selon que les perturbations soient limitées, modérées ou majeures. L’or noir atteindrait entre 100 {dollars} et 150 {dollars}, contre 85 {dollars} aujourd’hui. Le scénario noir se déclencherait en cas d’extension de la guerre à l’Iran. Le détroit d’Ormuz, qui permet de relier le golfe Persique au golfe d’Oman puis l’océan Indien, serait alors paralysé. Une voie maritime majeure se tarirait, elle qui écoule environ 20 thousands and thousands de barils chaque jour pour répondre à la demande mondiale.
Les dégâts ne s’arrêteraient pas là. Ce choc pétrolier se répandrait « inévitablement » sur les prix des denrées alimentaires, alerte Ayhan Kose, économiste en chef adjoint de la Banque mondiale et directeur de la cellule Views, précisant que « fin 2022, plus de 700 thousands and thousands de personnes étaient sous-alimentées, soit près d’un dixième de la inhabitants mondiale ». Selon les économistes, un nouveau choc sur les prix pourrait aussi porter un coup deadly aux économies avancées, déjà bien mal en level, puisqu’il susciterait une nouvelle série de hausses des taux d’intérêt de la half des banques centrales. La récession mettrait la primary sur l’activité économique.
clotilde.mathieu@humanite.fr