La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret), correspondance particulière.
« À la cantine, je regardais régulièrement mon âge dans le fond des verres », se souvient Mireille, une militante communiste venue, ce lundi midi, devant le siège du verrier Duralex, à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret). C’est ici que Fabien Roussel, secrétaire général du PCF, et Sylvain Amrate, candidat sur la liste communiste aux européennes, se sont retrouvés, entourés de 150 personnes. Un rassemblement destiné à soutenir les 230 salariés dont l’entreprise historique est sous le coup d’un redressement judiciaire.
De nouvelles affres que Jérémy prend avec philosophie. « Il y a tellement eu d’épisodes de crise chez Duralex qu’on pourrait tourner une série pour Netflix », ironise ce salarié. De fait, l’entreprise a connu, ces dernières années, plusieurs repreneurs étrangers venus profiter des brevets et, pour certains, littéralement piller la production.
Hausse des prix de l’énergie et gestion hasardeuse
Dès leur arrivée, le député du Nord et le candidat communistes se tournent vers les salariés présents pour s’enquérir de la situation. « Malgré la présence de 70 commerciaux, nous sommes passés de cinq lignes de fours à deux. C’est incompréhensible », leur explique François Dufranne, élu CGT et salarié de Duralex depuis 1994. « Les salariés sont démoralisés. »
Parmi les raisons qui ont une nouvelle fois conduit le verrier aux portes de la cessation d’activité, Fabien Roussel pointe l’explosion des prix de l’énergie et appelle l’État à une reprise en main du marché. « Il faut tirer la sonnette d’alarme. Pour produire français et écolo, l’État doit baisser la pression tarifaire qui pèse sur les entreprises grosses consommatrices d’énergie », plaide-t-il. « Il faut également faire appel aux collectivités locales pour qu’elles passent commande auprès de Duralex mais aussi d’Arc qui se situe dans ma circonscription du Nord. »
Mais, selon les représentants des salariés, au-delà de la crise énergétique, il y a un flagrant problème de gestion de l’entreprise. « On a une carence de transparence et d’informations de la part de la direction, indique l’élu CGT. Nous avons affaire à un patron voyou qui, il y a trois semaines, nous présentait un plan de développement commercial pour, quelques jours plus tard, nous dire qu’on va devant le tribunal pour un redressement judiciaire. » Une remarque que corrobore Sylvain Amrate.
« Il y a clairement un problème de management, mais aussi la question des 15 millions de subventions publiques versées à Duralex sans la moindre contrepartie », explique le candidat communiste. « Il faut s’interroger sur le type d’industrie que nous souhaitons pour notre pays. Si Duralex ferme, il faudra importer des verres du monde entier. C’est une forme d’aberration économique et écologique, et un manque flagrant de contrôle de la part de l’État. »
Face à cette situation chaotique, Fabien Roussel, appuyé par Valérie Barthe-Cheneau, la maire de La Chapelle-Saint-Mesmin, promet de contacter au plus vite Roland Lescure, ministre de l’Industrie. Un nouveau rassemblement aura lieu le mercredi 24 avril, à 16 heures, devant le tribunal de commerce d’Orléans.