« C’était maintenant ou jamais pour nous. » Ces mots du délégué syndical CFDT Suliman El Moussaoui résument l’esprit qui prévalait parmi les salariés avant la décision du tribunal de commerce d’Orléans. L’offre de société coopérative de production (Scop) semblait pour beaucoup de ces ouvriers être non seulement la solution pour sauver la verrerie française culte, mais aussi l’occasion de travailler d’une nouvelle manière, en dirigeant la société. Dix-huit jours après l’officialisation de ce rachat, l’optimisme est le maître mot à l’usine Duralex de La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret).
Dans son bureau, le directeur général François Marciano se souvient de la discussion avec le délégué CFDT où l’idée de Scop a été évoquée pour la première fois. « Je suis allé voir un repreneur potentiel dans le 16e arrondissement parisien. Quand il m’a présenté son offre qui incluait des coupes de personnel, ça m’a déjà fait tiquer. » Selon lui, le personnel en place a été dimensionné à la taille de l’entreprise, « de telle sorte qu’aller en dessous du nombre actuel serait mettre en péril l’outil ou les ouvriers ». Les autres offres de reprise proposaient également des casses sociales. Mais, ce qui a été le point de bascule pour le directeur général, « c’est quand le repreneur a parlé des femmes du service conditionnement. Il a vu qu’elles étaient payées 2 100 euros brut par mois et m’a dit : ”Ce sont de petites mains. Elles doivent être payées au Smic.” » Des mots qui ont fini de convaincre le directeur de site à l’époque.