Par Maryse Dumas, syndicaliste
Le chômage augmente, plus personne n’ose le contester. Celui des personnes qui n’ont absolument aucun emploi, comme celui des personnes qui travaillent quelques heures par-ci par-là, tout en recherchant un emploi à temps plein. Le sous-emploi est une réalité endémique de notre pays depuis de nombreuses années, plus ou moins masquée par des dispositifs dits modernes tels l’auto-entrepreneuriat ou l’ubérisation. Dès le printemps, la CGT, bien seule, avait alerté sur les plans de suppressions massives d’emplois qui s’annonçaient. Aujourd’hui, non seulement la réalité a confirmé ses estimations mais un effet boule de neige rend les prévisions pour ce début d’année encore plus préoccupantes.
Le ministère du Travail lui-même recense 174 lancements de procédure au 3e trimestre 2024, en augmentation de 35 % sur un an, procédures qui devraient se concrétiser en ce début d’année. À cela s’ajoutent 2 917 procédures lancées dans des entreprises qui, du fait de leur petite taille, ne sont pas tenues à un plan social. L’emploi était au cœur de la mobilisation syndicale du 12 décembre dernier. Afin de gagner le temps nécessaire à des contre-propositions pour de nouvelles stratégies industrielles, la CGT et la Confédération européenne des syndicats exigent un moratoire sur les plans de suppressions d’emplois. Mais les gouvernements restent sourds à ces exigences. En effet, sous l’impulsion, notamment mais pas seulement, d‘Emmanuel Macron, beaucoup a été fait, ces dernières années, pour retirer aux organisations syndicales et aux institutions représentatives des salariés, les Comités d’entreprise notamment, le pouvoir de contrecarrer les plans collectifs de suppressions d’emplois. Le libéralisme ne veut pas s’embarrasser des droits collectifs des salariés !
Dans ces conditions, le syndicalisme se doit de mener en parallèle deux batailles différentes mais complémentaires : celle pour la préservation et le développement des emplois d’une part, celle pour la protection des droits des salariés d’autre part. Aucune des deux ne peut être laissée de côté. Notre système actuel dit « d’assurance-chômage » est construit de telle façon que d’une part il ne couvre qu’à peine plus d’un demandeur d’emploi sur deux et que, d’autre part, il indemnise d’autant moins les demandeurs d’emploi que le chômage s’accentue et qu’il est de plus en plus difficile de retrouver un emploi.
La question se pose donc de revendiquer des garanties en vue d’une Sécurité sociale professionnelle. Elle se substituerait au régime assurantiel, qui comme pour toutes les assurances rend les cotisations obligatoires mais les protections aléatoires. De la même façon que la Sécurité sociale, à la Libération, a permis à notre pays de construire un système de santé publique des plus performants (mais bien malade aujourd’hui), la Sécurité sociale professionnelle envisagée par la CGT permettrait, en préservant les salariés de la perte du salaire découlant de la perte d’emploi, de poser autrement l’ensemble des questions économiques. Poser les jalons d’une démarchandisation du travail et d’une dé-précarisation des emplois participe d’un processus de mise en cause de l’exploitation capitaliste. Utopique ? Bien sûr comme l’ont été tous les grands conquis sociaux avant de devenir des réalités concrètes. D’où l’importance de savoir nourrir les luttes immédiates naturellement « défensives » de perspectives transformatrices « offensives ». C’est le rôle du syndicalisme.
Aux côtés de celles et ceux qui luttent !
L’urgence sociale, c’est chaque jour la priorité de l’Humanité.
En exposant la violence patronale.
En montrant ce que vivent celles et ceux qui travaillent et ceux qui aspirent à le faire.
En donnant des clés de compréhension et des outils aux salarié.es pour se défendre contre les politiques ultralibérales qui dégradent leur qualité de vie.
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