Le géant pharmaceutique persiste et signe. Sanofi s’alliera au fonds d’investissement américain CD & R pour lui céder potentiellement le contrôle de sa filiale Opella – qui produit le Doliprane -, a confirmé l’entreprise pharmaceutique, lundi 21 octobre. Et ce, pour une valeur d’entreprise d’environ 16 milliards d’euros. Une décision prise, malgré la mobilisation des salariés qui avaient répondu, quatre jours plus tôt, à l’appel de la CGT et la CFDT, en menant un important mouvement de grève pour contrer la vente d’Orpella.
« Sanofi et CD & R sont entrés en négociations exclusives pour la cession et l’acquisition potentielles d’une participation de contrôle de 50 % dans Opella », selon un communiqué du groupe français qui précise que l’offre de CD & R est « ferme et entièrement financée ». La Banque publique d’investissement « devrait participer en tant qu’actionnaire minoritaire à hauteur d’environ 2 % », précise Sanofi dans son communiqué qui ajoute que l’entreprise pharmaceutique devrait tout de même rester « un actionnaire significatif ».
« La santé n’est pas une marchandise »
Sans surprise, le fonds d’investissement CD & R ambitionne de son côté « d’accélérer » la croissance d’Opella, qui détient 115 marques dans le monde et compte 11 000 collaborateurs dans environ 100 pays, afin de « créer un champion français mondial de la santé grand public ». Un jargon commercial qui est loin de rassurer les salariés inquiets pour la production française et les emplois.
En fin de semaine, ils étaient déjà mobilisés, suite à l’appel de la CGT et de la CFDT, contre l’annonce par Sanofi de son intention de céder à un fonds d’investissement étasunien. Ainsi, « la santé n’est pas une marchandise », revendiquait une banderole CGT accrochée aux grilles de l’usine Lisieux, jeudi 17 octobre, lors d’une grève qui se veut, selon la CGT, un « appel clair et franc, en illimité jusqu’au retrait de la vente d’Opella ».
Les travailleurs et travailleuses sont d’autant plus indignés, qu’à long terme, une délocalisation n’est pas à exclure. « La logique d’un fonds d’investissement est d’accroître sa rentabilité. Et lorsqu’on parle d’économies à faire, elles reposent en grande partie sur les coûts de production », expliquait Nathalie Coutinet, économiste de la santé.
Antoine Armand, le locataire de Bercy, avait dit avoir « entamé des discussions » avec les parties prenantes en vue d’un accord spécifique sur des « engagements extrêmement précis », qui seront « assortis de garanties » et « de sanctions ». Il avait évoqué également « la possibilité d’un actionnariat public et d’une participation à la gouvernance dans le cadre de cet accord ». « Le gouvernement fait très bien le Service Après-Vente », avait alors dénoncé la CGT. Et l’exécutif a poursuivi sur sa lancée, dimanche 20 octobre, en annonçant un « accord tripartite » entre l’État, Sanofi et le fonds d’investissement américain CD & R. « On a atteint le plus haut niveau de garanties possible », ont assuré, dans la foulée, à l’AFP les cabinets des ministres de l’Économie et de l’Industrie.
Les inquiétudes ne devraient pas être levées pour autant. Humberto de Sousa, syndicaliste CFDT, rappelait déjà, lundi 14 octobre, la menace que fait peser cette cession sur les 1 700 emplois que compte Opella sur le sol français face à « la recherche de rentabilité de ce fonds » repreneur.
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