Le ciel commence à se dégager au-dessus d’Opella. Alors que Sanofi cherche à se débarrasser de sa filiale de médicaments sans ordonnance, le géant français a récemment annoncé livrer son verdict quant à l’identité du repreneur « dans les prochaines semaines ». Contacté lundi 30 septembre, le laboratoire pharmaceutique a assuré le déroulement d’une « transaction au plus tôt au quatrième trimestre 2024 », deux mois seulement après avoir communiqué sur des offres de reprise.
Dans le détail, deux potentiels acquéreurs auraient formulé, la semaine dernière, des offres de rachat pour la filiale qui produit notamment du Doliprane. Une première aurait été réalisée par le fonds français PAI Partners, spécialiste en rachat financé par l’endettement de la société cédée, épaulé par des fonds émiratis, singapouriens et canadiens. La deuxième proposition émanerait, elle, du fonds américain Clayton Dubilier & Rice (CD&R), notamment actionnaire de Conforama.
« Sanofi veut combler le retard pris dans la R&D »
Au total, les deux promesses seraient estimées à hauteur de 15 milliards d’euros, d’après une information de la Lettre. Mais un troisième scénario pourrait néanmoins voir le jour avec l’entrée en bourse d’Opella et le maintien d’une participation de Sanofi. « Nous gardons toutes les options ouvertes, y compris une cotation et une vente, afin de maximiser la création de valeur pour toutes nos parties prenantes », a précisé l’entreprise contactée par l’Humanité.
Mais qu’en pense l’État ? L’Élysée et le gouvernement suivraient attentivement ce dossier mais, contacté, le ministère de l’Industrie n’a pas répondu à nos questions. Le sujet est pourtant hautement symbolique. Emmanuel Macron avait lui-même désigné la reconquête du champ pharmaceutique, dont le paracétamol, principe actif du Doliprane, comme secteur stratégique après la crise du Covid.
Depuis 2019, Sanofi s’emploie à rendre désirable Opella en procédant à des réorganisations (décrochage de la maison mère ; division par deux du nombre de sites ; productions resserrées sur la France, les États-Unis, le Japon, le Brésil et la Hongrie).
Le laboratoire français justifie cette décision par des besoins d’investissement dans la recherche pour trouver de nouveaux vaccins et médicaments. « Si nous voulons accélérer ces travaux, nous devrons investir massivement en recherche et développement (on est déjà passé d’environ 5 milliards d’euros par an en 2020 à près de 7 milliards en 2023), nous prévoyons ainsi d’augmenter de 700 millions d’euros par an notre budget R&D dans les années à venir », précise le groupe.
Un argument loin de convaincre Fabien Mallet coordinateur CGT Sanofi : « Si Sanofi se sépare d’Opella, ce n’est que pour avoir de l’argent rapidement. L’entreprise compte utiliser ces fonds pour combler le retard pris dans la R&D. Or ce délai a été organisé par une direction qui a tout orienté vers la rémunération de ses actionnaires, cassant l’outil recherche et délaissant l’industriel. »
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