Alors que le ministre de l’Intérieur multiplie les appels du pied à l’extrême droite, les effets du racisme sont quotidiens et concrets. Dans son étude annuelle publiée mardi 18 mars l’Observatoire national des discriminations et de l’égalité dans le supérieur (Ondes) a enquêté sur la discrimination dans l’accès aux masters des candidats selon leur origine supposée. Et le résultat est sans appel : les noms et prénoms suggérant une « origine étrangère » constituent bien un facteur de discrimination.
L’Observatoire a effectué un « test » en créant cinq candidates fictives, l’une avec un nom à consonance française, les autres évoquant une origine maghrébine, d’Afrique de l’Ouest, asiatique. Et une autre censée être juive. Ce test se fonde sur de simples demandes d’information, sans plus de détail sur le profil des candidates fictives, envoyées à près de 2 000 responsables de formations dans toutes les universités françaises. « Le constat est que les discriminations prévalent bien avant l’insertion professionnelle, dans l’accès même à la formation et y compris au niveau master de l’enseignement supérieur », déplore l’étude.
15 % de chances de succès en moins dans le domaine des Sciences, Technologie et Santé
Les résultats, basés sur le taux de réponses positives reçues en fonction des noms, « mettent en évidence des pénalités significatives », alerte l’étude. Les candidates « les plus pénalisées » sont « celles dont l’identité signale une origine africaine, (…) avec une baisse de 8,5 % des chances de succès, qui dépasse même 15 % dans le seul domaine des Sciences, Technologie et Santé », met en avant l’enquête.
« Les candidates dont l’identité suggère une affiliation juive ou une origine asiatique présentent des écarts deux fois moins importants mais qui s’avèrent statistiquement significatif dans les estimations », précise-t-elle.
Résultat : les candidats discriminés devront « redoubler d’effort pour accéder à une bonne formation et, pour un niveau donné d’effort, ils accéderont à des formations offrant de moindres débouchés professionnels ». Cela « peut avoir des conséquences importantes sur toute la carrière d’un individu, particulièrement en France où le diplôme est réputé pour jouer un rôle central », constate l’étude. L’Ondes appelle à « des mesures correctrices de la part de la puissance publique et de l’ensemble des acteurs concernés ».
L’an dernier, le « testing » de l’étude annuelle de l’Observatoire national des discriminations et de l’égalité dans le supérieur avait constaté que le port du voile diminue de « plus de 80 % » les chances de décrocher un entretien après une candidature spontanée pour un contrat d’apprentissage dans une entreprise.
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