Battu lors des élections législatives anticipées, l’ancien élu Renaissance héraultais n’en reste pas moins un observateur avisé de la vie politique nationale, régulièrement invité sur les plateaux télé. Il échange encore régulièremement avec les cadres du parti présidentiel, voire avec Emmanuel Macron lui-même. Il analyse la séquence actuelle.
Comment l’ancien député Renaissance que vous êtes analyse la séquence actuelle ?
Michel Barnier a fait une erreur dans la négociation en voulant donner des médailles à chacun, à commencer par Laurent Wauquiez qu’il a laissé annoncer sa victoire sur les retraites au 20 heures. Chaque formation a alors voulu sa part de marché, à la recherche de clients pour 2027, et il s’est ainsi exposé à cette fâcherie en refusant à Marine Le Pen son petit succès sur l’énergie. Mais je crois qu’il faut finalement le remercier car il a fait prendre conscience aux partis politiques qu’il faut sortir de la cour de récré pour, enfin, travailler ensemble.
Ce serait donc un mal pour un bien ?
Une très bonne chose même. Dans cette assemblée à trois blocs, il fallait peut-être ce choc. À condition, toutefois, d’aller vraiment vers ce gouvernement d’intérêt général souhaité par le Président, c’est-à-dire une équipe resserrée, composée d’élus de terrain, des hommes et des femmes qui renoueraient avec les territoires. Emmanuel Macron doit notamment s’appuyer sur les maires. Ils ont encore à 70 % la confiance des citoyens quand plus de 80 % des Français, selon les derniers sondages, jugent négativement les parlementaires. L’Assemblée est démonétisée parce que dans la palabre, quand les maires sont, eux, dans le réel.
Mais des maires de quelle obédience politique ?
Des gens de différents horizons, prêts à travailler ensemble dans l’intérêt général, sur une feuille de route précise. Arrêtons avec ce concept de front républicain qui ne veut plus rien dire quand 11 millions d’électeurs votent pour le RN. Ce ministres ne devront pas représenter des partis mais la société et faire avancer le quotidien des Français, aussi sur des sujets très simples.
Avec quel chef de gouvernement ?
Un profil à la Jean Castex, les pieds dans la terre, la tête dans les étoiles. Un homme ou une femme, aussi, qui saura lier la France des territoires à celle des métropoles.
Mais il y aura toujours le risque de censure…
Je ne crois pas. En se “mélenchonisant” avec cette censure, Marine Le Pen a fait un recul de dix ans. Elle a montré qu’elle n’était pas encore présidentiable. La menace va donc retomber.
Aussi pour Emmanuel Macron ?
Mais il est là jusqu’en 2027 et, même s’il s’en va, l’Assemblée nationale sera la même. Au contraire, le Président va se retrouver à nouveau au centre du jeu avec cette censure. Peut-être doit-il admettre que la temporalité de la dissolution n’était pas la bonne, qu’il s’est laissé déborder par son côté impatient, qu’il aurait dû laisser passer les Jeux de Paris. Il doit aussi prendre sa part de la situation budgétaire actuelle, même si la dette s’est creusée, président après président, depuis les années 70. Surtout, il doit former un binôme avec son Premier ministre, retrouver son mode guerrier et sortir de Paris. C’est à lui de monter au créneau. Ce sera difficile, il va essuyer des sifflets, mais c’est un combattant.
Dissoudra-t-il à nouveau à l’été ?
Je sais que le Président est joueur mais je suis convaincu qu’un gouvernement peut tenir 30 mois. Il y a aussi la temporalité, en septembre on sera rentré dans les municipales. Et puis, une dissolution, cela coûte 80 M€. Et je crois aussi que les Français sont fatigués d’aller voter.
Vous n’espérez pas revenir à l’Assemblée nationale ?
Je doute d’être candidat en cas de nouvelle élection. Cette défaite m’a fait du bien, m’a permis de me retrouver, de compter mes amis. Et puis, je suis très fier d’intégrer un certificat d’affaires publiques à Sciences Po Paris, je travaille pour une entreprise de travaux publics, j’ai plein de projets, notamment l’écriture d’un livre… Et je garde ma liberté de paroles dans les médias.
Vous échangez encore avec le chef de l’État ?
J’ai beaucoup échangé avec lui depuis 2017. Je continue de lui envoyer mes réflexions, mais aujourd’hui, lui, est très occupé.