Le député sortant LFI Sébastien Rome devra rassembler largement à gauche pour empêcher la RN Manon Bouquin de rafler la mise. L’ex-député Eliaou repart avec l’étiquette de la majorité présidentielle, tendance Horizons.
Labourer le terrain, presqu’au sens propre. C’est ce que fait le député sortant Sébastien Rome, en se rendant ce dimanche sur le Larzac auprès des éleveurs, puis lundi à la cave de Montpeyroux, où le leader viticole Jean Huillet est invité en soutien.
La quatrième circonscription de l’Hérault avec 142 000 habitants n’est pas seulement rurale, mais le député n’a pas oublié la colère agricole de cet hiver, avec blocages de l’A75 ou actions fortes sur la base logistique de Système U à Clermont-l’Hérault. Des électeurs excédés qui pourraient se tourner vers un vote RN… “Depuis son élection en 2022, Sébastien Rome a arpenté le territoire dans tous les sens, ce que n’avait pas fait son prédecesseur, quant à la candidate RN, on ne la connaissait pas avant 2022 et on ne l’a pas revue depuis”, résume cet observateur avisé de la vie politique du Cœur d’Hérault et du Nord montpelliérain.
Une Zemmouriste qui ne s’affiche pas
Comme en 2022, Sébastien Rome va donc affronter la représentante du RN Manon Bouquin, et l’ancien député Horizons, Jean-François Eliaou. Deux autres candidates se présentent également, la cheminote montpelliéraine Florence Larue qui porte les couleurs de Lutte Ouvrière et Bleuette Simon, 74 ans, habitante de Saint-Clément-de-Rivière, qui se présente pour Reconquête. Du moins pour la partie Zemmouriste du parti qui vient de se scinder dans l’Hérault. Une candidate mystère qui ne donnera ni interview à la presse ni même… sa photo !
La candidate du RN, Manon Bouquin, ex-assistante parlementaire de l’eurodéputée France Jamet, était parachutée en 2022. Elle arrivait pourtant en deuxième place, talonnant le vainqueur. Depuis, la jeune femme de 32 ans, exerce toujours cette activité mais aux côtés du député de la 7e circonscription, Aurélien Lopez-Liguori. Même si elle n’a guère été active sur la 4e, elle pourra probablement compter sur la dynamique actuelle de l’extrême-droite.
Séduire la gauche modérée
À la différence de 2022, Sébastien Rome n’aura pas, face à lui, de candidat étiqueté à gauche (il y a deux ans, le socialiste dissident Jean-Pierre Pugens avait recueilli 8 % des voix au premier tour). Est-ce à dire que tous les électeurs de gauche se retrouveront derrière l’Insoumis Rome ? Qui n’a pas été le dernier à parler fort sur les bancs de l’Assemblée et à assumer des positions tranchées… S’il a préféré éviter de s’afficher ce dimanche avec Jean-Luc Mélenchon en visite à Montpellier, c’est probablement pour ne pas donner d’ulcères à une gauche plus modérée dont certains élus ne soutiennent le sortant qu’avec une froide politesse… Plus consensuel de rappeler ses combats pour le territoire, de la maternité de Ganges aux urgences de Lodève, ou l’intérêt pour le transport avec la candidature groupée pour le service express régional métropolitain (Serm).
Le retour de l’ex-député
Le représentant de la majorité présidentielle, Jean-François Eliaou qui fut député entre 2017 et 2022, s’affichera, lui, au contraire avec le patron de son parti ! Qui n’est pas Emmanuel Macron, car le docteur Eliaou a “pris ses distances avec l’exécutif” depuis qu’il a rencontré Edouard Philippe. L’enthousiasme des débuts d’En Marche qui l’avait porté au Palais Bourbon dans une vague de nouveaux députés issus de la société civile est un peu retombé. Aujourd’hui, Jean-François Eliaou porte la casaque Horizons et n’adhère qu’à demi aux récentes réformes du gouvernement comme celle du chômage. À ceux qui lui ont reproché son peu de présence sur le terrain, (jusqu’à le surnommer Jean-François Ilestoù), il rappelle que son mandat d’alors avait été fort perturbé par le Covid et la crise des Gilets Jaunes et que le travail du député est d’abord à l’Assemblée.