Autrefois chantre de la lutte contre les atteintes à la probité et les abus de pouvoir, François Bayrou donne des leçons qu’il n’applique pas, ni pour lui-même, ni pour son gouvernement. Il aspirait à composer une équipe de « poids lourds » dont les casseroles judiciaires pèsent sur leur crédibilité. Mediapart a compilé les enquêtes qu’il a réalisées pour décortiquer le profil d’onze ministres.
À commencer par celui qui les a nommés : François Bayrou, ancien garde des Sceaux en 2017. Son passage à la Chancellerie a été de courte durée. Un mois après son arrivée à ce poste, il a démissionné à cause de soupçons judiciaires dans l’affaire de détournements de fonds publics de son parti, le Modem.
D’anciens députés européens ont été condamnés à des peines de dix à dix-huit mois de prison avec sursis, des amendes de 10 000 à 50 000 euros et à deux ans d’inéligibilité avec sursis. Le maire de Pau a été relaxé en 2024, « au bénéfice du doute », après avoir été mis en examen et renvoyé devant le tribunal correctionnel de Paris. Le parquet de Paris a fait appel de cette décision, la date du second procès n’est pas encore fixée.
L’étau se resserre autour de Rachida Dati
Le garde des Sceaux actuel, Gérald Darmanin prend place, quelques jours après le verdict de l’affaire Pelicot. Il a été, par ailleurs, accusé de « viol » et d’« abus de faiblesse » par deux femmes. Il a bénéficié d’un non-lieu pour la première affaire pour viol et pour la seconde, la plainte a été classée sans suite. Il aurait promis d’intervenir en faveur de deux femmes, pour une demande de logement ou pour une condamnation judiciaire.
Sophie Patterson-Spatz, cherchant à blanchir son casier judiciaire, aurait accepté de passer la soirée avec lui dans l’espoir que Gérald Darmanin intervienne dans la procédure judiciaire la visant. Selon elle, elle se serait sentie contrainte d’avoir des rapports sexuels avec Gérald Darmanin, parce qu’il lui avait promis d’agir en sa faveur.
Le ministre de la Justice pourrait être chargé de se positionner sur la loi concernant l’introduction du consentement dans la définition pénale du viol. « Il n’a pas été condamné, mais il s’agit d’une indécence morale que de le voir représenter la justice », s’indigne Shirley Wirden, responsable de la commission droits des femmes et féminisme du PCF. Plus tôt dans l’année, il avait été mis en cause par Mediapart quant à son rôle dans le transfert de Neymar au PSG, alors qu’il était ministre des comptes publics, aidant le club de la capitale à ne pas s’acquitter d’une partie de la fiscalité adossée à cette transaction.
L’étau judiciaire se resserre aussi pour Rachida Dati, reconduite à la Culture. Le Parquet national financier (PNF) requiert un procès à l’encontre de la ministre pour « recel d’abus de pouvoir et d’abus de confiance » et « corruption et trafic d’influence passifs par personne investie d’un mandat électif public au sein d’une organisation internationale » dans l’affaire Carlos Ghosn, du nom de l’ancien patron de l’alliance Renault-Nissan. Les soupçons portent sur près de 900 000 euros perçus par Rachida Dati entre 2010 et 2012 pour des prestations de conseil, alors qu’elle était avocate et députée européenne.
Manuel Valls condamné par la Cour des comptes espagnole
À ses côtés, au ministère des outre-mer, Manuel Valls a été condamné par la Cour des comptes espagnole. En 2018 et 2019, il s’est lancé à la conquête de la municipalité de Barcelone, ce qui s’est révélé être un cuisant échec. Pire, l’institution de contrôle des comptes de campagne lui a reproché d’avoir dépassé de 126 000 euros le plafond des dépenses autorisées et de ne pas avoir déclaré les 200 000 euros de dons reçus de la part du patronat barcelonais.
Selon les révélations de Mediapart, il aurait aussi fait partie d’une délégation de consultants en déplacement à Manama (Bahreïn), du 22 au 24 juillet. Il aurait empoché 10 000 euros par jour pour éclairer les autorités sur les enjeux de l’ouverture par le Parquet national financier (PNF) d’une enquête préliminaire dans un dossier qui oppose le Bahreïn au Qatar.
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