Vergèze (Gard), envoyée spéciale.
Quatre élus communistes se sont rendus ce lundi 28 avril à la Verrerie du Languedoc de Vergèze (Gard) en soutien à ses salariés, principales victimes du « plan de restructuration » annoncé le 8 avril dernier par le leader du marché du verre d’emballage. L’entreprise Owen-Illinois prévoit la suppression de 320 emplois en France, dont 164 à Vergèze, avec une fermeture complète du site envisagée pour août 2025 en l’absence de repreneur.
La direction américaine, propriétaire de la verrerie depuis 2011, justifie sa décision dans un communiqué par une situation de « surcapacité » et de « forte concurrence ». Les syndicalistes de la CGT accusent, eux, l’entreprise de refuser d’investir dans l’outil de production, notamment dans la rénovation du four, en principe programmée pour le premier semestre 2027. « Ils sont arrivés, ils ont engrangé les profits, mais maintenant qu’il faut refaire le four, ils s’en vont », résume Laurent Anjolras.
Des salariés sous le choc
L’annonce de la fermeture a été vécue comme un véritable séisme par les salariés. « On s’attendait à une restructuration, car les recrutements étaient gelés depuis plusieurs mois. On imaginait peut-être l’arrêt d’une ligne de production, mais jamais la fermeture totale du site », résume Yoann Goupille, de la CGT.
L’incompréhension est d’autant plus vive que l’usine est d’après lui parfaitement rentable : « Nous avons dégagé 7 % de bénéfices l’an dernier », souligne le syndicaliste. Les élus communistes locaux présents – Vincent Bouget, Christian Bastid, conseillers départementaux, et Jean-Luc Gibelin, conseiller régional – ont partagé ce constat en insistant sur la position stratégique du site : « Le principal donneur d’ordre, Perrier, est juste à côté », a rappelé Jean-Luc Gibelin.
L’aide de l’État pointée du doigt
La responsabilité de l’État est également pointée par Yoann Goupille, Owens-Illinois ayant « reçu 15 millions d’euros d’aides publiques au cours des cinq dernières années ». Une analyse partagée par le sénateur PCF Fabien Gay, rapporteur de la commission d’enquête sénatoriale sur l’utilisation des aides publiques aux grandes entreprises et à leurs sous-traitants, qui a annoncé lors de sa visite sur place son intention d’écrire au ministre de l’Économie pour dénoncer cette restructuration guidée par des logiques purement financières.
Au centre des échanges entre syndicalistes et élus communistes figurait aussi la recherche d’un repreneur, une priorité pour préserver les emplois. Tous ont privilégié la piste Nestlé Waters, filiale du groupe Nestlé spécialisée dans les eaux en bouteille et propriétaire de la marque Perrier. Les trois quarts de la production de la verrerie sont en effet destinés à l’embouteillage des eaux Perrier et les deux sites sont voisins.
Un destin lié à celui de Perrier
Cette perspective reste cependant suspendue à la décision de renouvellement de l’octroi du label « eau minérale naturelle » à la source Perrier. Depuis plusieurs mois, la marque est mise en cause pour avoir utilisé des traitements interdits sur ses eaux minérales, faisant peser un risque sur la santé publique. Récemment, des hydrogéologues agréés par l’État ont de nouveau rendu un avis sanitaire « temporairement défavorable », pointant la qualité insuffisante de certaines sources.
Pour qu’une reprise par Nestlé Waters soit envisageable, la marque doit conserver sa célèbre bouteille verte en verre plutôt que de se tourner vers des contenants en plastique, a estimé Jean-Luc Gibelin. C’est crucial pour le devenir des emplois de la Verrerie du Languedoc, mais également pour l’environnement, ont insisté les élus CGT : « Le verre est bien plus écologique. »
En grève simultanée plusieurs heures par semaine avec les travailleurs des autres sites français détenus par Owens-Illinois, les membres de l’intersyndicale CGT, CFE-CGC et FO appellent à poursuivre le mouvement par un grand rassemblement « des habitants, des retraités, des familles et des élus » sur le site de la verrerie à l’occasion du 1er Mai. Les élus communistes locaux les ont d’ores et déjà assurés qu’ils seraient à leurs côtés.
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