« La crise du logement, et notamment du logement social, s’aggrave de jour en jour », lâche Patrice Leclerc, maire communiste de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), à l’occasion d’une conférence de presse sur le sujet. L’Île-de-France comptait en 2010 plus de 406 000 demandeurs de logements sociaux. Quatorze ans après, leur nombre a doublé.
Selon le maire, d’ici deux ans, la région francilienne devrait compter près d’un million de demandeurs de logement social. Aujourd’hui, 80 % des Franciliens sont éligibles à ces locations à loyer modéré, pour lesquelles il faut attendre, à l’heure actuelle, en moyenne onze années avant d’y accéder. « C’est beaucoup de souffrance pour ces femmes, ces hommes, ces enfants », insiste Patrice Leclerc.
« Le gouvernement ne prend pas la mesure de ce qu’il se passe », déplore le maire communiste. À ses côtés, Patricia Tordjman, ancienne maire de Gentilly (Val-de-Marne), est venue avec un magazine portant sur la crise du logement social. Il date de 2006. Manière de dire que le sujet est ancien et n’a que peu été résolu. « La crise du logement, c’est la crise du siècle », insiste-t-elle.
Selon cette communiste, l’intégration des logements intermédiaires dans la loi SRU, comme annoncé par Gabriel Attal en début d’année, est une faute. « Dans ma commune, il y a près de 6 % des demandeurs de logement social qui sont éligibles au logement intermédiaire. » Ce qui laisse 95 % des demandeurs sur le carreau, si le social disparait au profit de l’intermédiaire.
Elle fustige cette idée gouvernementale qui ne règlera en rien la situation actuelle, mais va permettre aux communes qui rechignent aux logements sociaux (quitte à s’acquitter d’amendes) de rentrer dans les clous. « À Gentilly, nous avons 53 % de logements sociaux, et certains nécessitent une réhabilitation, assure Patricia Tordjman. Mais le conseil département du Val-de-Marne ne veut pas aider les communes ayant déjà plus de 30 % de logements sociaux… »
Le logement social, une solution
« Il y a une croisade assumée de la Région contre les logements sociaux », rappelle Sylvain Raifaud, conseiller métropolitain écologiste, évoquant la clause « anti-ghetto ». Il dénonce la présence massive, à Paris, des logements secondaires, vacants une partie de l’année, et des locations à courte durée, qui « dévitalisent » des quartiers de la capitale. « Nous devons utiliser le foncier déjà existant, lutter contre la vacance, et renforcer tous les leviers disponibles pour produire du logement social », assure l’écologiste.
« Pour la rénovation thermique du parc privé et social francilien, il faudrait 60 milliards d’euros, et pour l’ensemble du parc français, il faudrait 800 milliards d’euros, mais l’enveloppe du gouvernement est de 7 milliards et celle de la Région Île-de-France est de 100 millions… C’est une tartufferie complète », s’alarme aussi Sylvain Raifaud.
Et Delphine Valentin, présidente du bailleur social public Île-de-France Habitat, de déplorer : « Nous devons emprunter pour rénover, c’est de la cavalerie budgétaire, et on casse le modèle vertueux du logement social… » À l’appel de la confédération nationale du logement, un rassemblement est organisé samedi 23 mars, à 14h30, place de la République à Paris pour demander des actes face à cette crise profonde.