Désaccord sur les participations des différents partenaires, réduction de l’enveloppe destinée aux études et aux acquisitions… Le contournement ouest de Nîmes a du plomb dans l’aile et prend du retard. Certains se demandent même si le tracé ne sera pas, au final, amputé.
C’était il y a moins d’un an, cela semble une éternité. Le 8 mars 2024, le Journal officiel publiait la déclaration d’utilité publique (DUP) du contournement ouest de Nîmes, signée quatre jours plus tôt. Un vaste projet permettant de désengorger la traversée de Nîmes sur la RN 106 (et le fameux secteur de Carémeau), en créant une route de l’A9 à la RN106 sur une longueur de 12 kilomètres.
Un an plus tard, le 23 janvier, changement d’ambiance. Au ministère des Transports à Paris, le président de Nîmes métropole Franck Proust et le sénateur Laurent Burgoa plaident fortement pour relancer ce contournement qui a semble-t-il pris du plomb dans l’aile. Au point qu’on préfère désormais prioriser la réalisation du premier tronçon, de deux kilomètres, reliant l’A9 à La RD 40 (route de Sommières) et attendre plus tard pour la suite. Une partie pas trop coûteuse pour les collectivités puisqu’elle doit être financée et exploitée par Vinci autouroute-ASF.
Que s’est-il passé entre le 8 mars 2024 et ce 23 janvier 2025 ? Initialement, l’Etat avait sollicité les différents partenaires pour procéder aux premières acquisitions foncières et aux études complémentaires post DUP, pour un volume de 6 millions d’euros, via un avenant au Contrat de plan. Mais le 1er juillet, “nos services découvrent que le Conim a purement et simplement disparu de l’avenant”, explique-t-on à Nîmes métropole. Motif donné par la préfecture : “Le plan de financement n’a pas reçu la validation de l’ensemble des acteurs territoriaux”.
Le 2 juillet, Franck Proust écrit au préfet de Région pour proposer que Nîmes métropole prenne en charge la part manquante du département du Gard, “soit 12,5 %, estimés à 750 000 euros”. Au final, le plan de financement serait donc modifié de la sorte : Nîmes métropole, associé au pôle métropolitain Nîmes Alès s’engage à hauteur de 40 %, devenant le premier financeur, quand l’Etat, maître d’ouvrage, plafonne à 30 % et la Région et le Département à 15 %.
De 6 M€ à 3 M€
L’Etat prend acte. Pour autant, il ne s’agit plus, techniquement, d’un avenant au contrat de plan, mais du “maintien d’une ligne de crédit, afin de ne pas obérer l’avenir”, précise-t-on côté préfecture. Et cette ligne de crédit ne s’élève plus à 6 M€, mais à 3, comme cela a été annoncé lors du dernier comité de pilotage du Conim, le 4 décembre dernier et confirmé, à Midi Libre, par l’Etat. A l’Agglo, on fulmine : “Cette enveloppe est censée permettre les acquisitions et commander les études post DUP. Avec trois millions de moins, on ne pourra plus commander les études”.
Stratégiquement, donc, Nîmes métropole fait pression pour que le dossier avance désormais, au moins sur la première partie, de l’A9 à la RD40. Soit 2 km. Et les 10 km restants ? Certains commencent à se demander s’ils verront le jour. “Ce n’est plus dans l’air du temps…”, dit une source nîmoise.
Christophe Rivenq : “Ce projet doit se faire, il n’y a pas le choix”
A Alès agglomération, où l’enjeu du contournement nîmois est considéré comme crucial pour permettre le désenclavement de la sous-préfecture, on veut rester malgré tout optimiste : “Ce projet doit se faire. Il n’y a pas le choix, dit le président Christophe Rivenq. Alès est le secteur le plus dynamique, démographiquement, du département. C’est même plus nécessaire que le contournement ouest de Montpellier que je soutiens aussi. Il ne faut pas baisser pavillon et arrêter de dire que ça va créer des problèmes sur l’environnement, quand on voit les problèmes de trafic qu’il y a sur Nîmes”.
Martin Delord : “On ne serait pas en mesure de financer à hauteur des attentes”
Officiellement, aucun des partenaires du projet ne retire son soutien. Ce vendredi, Jean-Luc Gibelin vice-président aux transports de la région Occitanie a rappelé l’engagement de sa collectivité “à hauteur de 15 %”. Et demandé précisément à quel niveau était l’engagement de l’Etat. Pour le Département, le vice-président aux infrastructures routières Martin Delord maintient lui aussi sa volonté que le projet se réalise. Mais reconnaît que vu le contexte budgétaire, le retard pris par le projet permet de souffler : “On ne serait pas en mesure de financer à hauteur des attentes. Déjà qu’on est obligé de baisser le budget des routes assez considérablement (environ 10 %)…”
Si on est donc loin de la réalisation du projet global (estimé dans son ensemble à 180 M€), les opposants ne crient pas pour l’instant victoire. “On a attaqué l’enquête publique et la DUP qui en découle. On attend une décision du conseil d’Etat dans les prochains mois, explique Didier Codou de l’association Caveirac Vaunage. Pour l’instant, c’est l’ensemble du projet qu’on conteste.” Reste que les opposants pourraient revoir leur positionnement si et seulement si, le projet se limitait définitivement au premier tronçon, de Milhaud à la RD40.