Par Maryse Dumas, syndicaliste
Connaissez-vous Hans Christian Andersen, écrivain danois du XIXe siècle ? Il était romancier et écrivain de théâtre, mais il est surtout connu pour ses contes publiés, de son vivant, dans le monde entier. Il vivait d’ailleurs sa propre vie comme un conte. Issu d’un milieu modeste, il match de la vie réelle sa supply première d’inspiration. La query sociale y est souvent présente, à la lisière de la query politique, comme, dans « les Habits neufs de l’empereur », ou dans « le Schilling d’argent ». Il s’agit d’une pièce de monnaie, toute neuve, belle, de grande valeur, très recherchée tant qu’elle reste dans son pays. Mais, oubliée dans une poche de manteau, la voici qui traverse la frontière. Elle devient étrangère. Plus personne ne veut d’elle. Elle est rejetée, maltraitée, elle n’a plus personne pour la soutenir… ça ne vous fait penser à rien ?
Il y a aussi « la Petite Fille aux allumettes ». Enfant, je ne me lassais pas de lire, relire, et rerelire ce conte. On ne connaît pas et on ne connaîtra pas le nom de la petite fille, les miséreux sont anonymes. D’elle, on ne sait que sa peur d’être battue par son père si elle rentre à la maison sans avoir gagné d’argent. Elle essaie, sans succès, de vendre des allumettes à des passants qui, les bras chargés de cadeaux, se pressent pour rentrer chez eux fêter Noël. Ils n’ont pas même un regard pour cette fille en haillons, pieds nus dans la neige. Frigorifiée, désespérée, la petite fille cherche un abri dans une ruelle. Là, elle craque une allumette en espérant en tirer un peu de chaleur. Dans la lueur de la flamme, elle voit sa grand-mère adorée mais, hélas, décédée qui lui sourit. La grand-mère lui dit des mots doux et tendres, les seuls que la petite fille ait jamais entendus. L’allumette s’éteint, la petite fille en allume une deuxième. Dans la flamme vacillante sa grand-mère réapparaît et lui have a tendency les bras. La petite fille craque une autre allumette puis une autre… Au matin on trouve son corps, sans vie, mais un sourire aux lèvres. L’histoire s’arrête là.
Pourquoi ce conte m’était-il aussi cher ? Sans doute parce que je me sentais à la fois en empathie totale avec la petite fille, et en même temps protégée de ce qui lui arrivait. La pauvreté je connaissais, mais du moins je vivais dans une famille aimante avec un toit sur ma tête et sans devoir travailler si ce n’est à l’école, pour apprendre. La state of affairs décrite par Andersen m’effrayait par son réalisme, mais me rassurait parce que related d’un passé révolu. Je ne voyais pas, autour de moi, « d’enfants des rues » comme on disait à l’époque. Or, cela a bien changé : on estime à plus de 3 000 le nombre d’enfants qui vivent dans la rue aujourd’hui, en France, et à 3 hundreds of thousands le nombre d’enfants qui vivent dans des familles pauvres, menacées de perdre leur logement. Tous les contes ne débouchent pas sur une bonne « moralité » ! Et celui qui consiste à vouloir faire porter à un prétendu « trop d’immigrés » la responsabilité d’un bien réel « trop de pauvreté » en est un. Il détourne notre regard de l’essentiel : ce sont les politiques libérales qui ont déréglementé le travail, les companies publics, la safety sociale ; ce sont ces politiques-là qui portent la responsabilité du creusement des inégalités sociales. Pour que le père Noël ne soit pas une ordure, il ne faut se tromper ni de lettre ni d’adresse ! Bonne fin d’année à toutes et tous.