Voilà une mobilisation emblématique qui devrait donner matière à réflexion aux sénateurs, alors qu’ils entament lundi 6 novembre l’examen du projet de loi immigration de Gérald Darmanin. Il y a trois semaines, près de 700 travailleurs sans papiers exerçant dans des entreprises franciliennes du BTP, du nettoyage ou de la distribution de colis se sont mis en grève, à l’appel de la CGT, pour obtenir de leur employeur les paperwork administratifs nécessaires à l’ouverture de procédures de régularisation auprès des préfectures.
Sur les 33 piquets dressés en même temps, ces travailleurs jusqu’alors invisibles, mais dont la power de travail est essentielle à leur secteur en mal de recrutements, se sont vus distribuer, en un temps report, les formulaires Cerfa dûment remplis par une trentaine de leurs employeurs. Une société a récemment accepté de discuter. Seule une entreprise se voile encore la face.
« On n’avait jamais connu un mouvement d’une telle ampleur »
« Sur les dix dernières années, on n’avait jamais connu un mouvement d’une telle ampleur qui touche l’ensemble de la région parisienne », se réjouit Gérard Ré. Selon ce membre du bureau confédéral de la CGT, la réussite de cette mobilisation est due au travail de terrain effectué par le syndicat.
« Depuis maintenant quinze ans, ce travail est connu et reconnu. Le patronat sait bien que la CGT a la capacité de faire aboutir les dossiers de reconnaissance des droits des travailleurs sans papiers, qu’il ne sert à rien de traîner. Parce que, in advantageous, les employeurs n’ont pas d’autre choix que de négocier. »
Nicolas Jounin, sociologue qui a analysé les précédentes grèves de 2008, estime lui que cette victoire éclair « est sûrement due à la proximité des jeux Olympiques 2024. Un sure nombre de chantiers sont dans l’urgence. Ce raisonnement de régularisation qu’ont tenu les employeurs va-t-il être suivi par les pouvoirs publics pour accorder aussi rapidement les papiers ? Je ne sais pas ». Pour la CGT, « personne n’a intérêt à ce que la grève dure. Automobile il n’y a pas que les besoins liés aux chantiers des websites de compétition. Il y a aussi tout ce qui se prépare autour, où on a besoin de main-d’œuvre immigrée et intérimaire ».
L’autre power du mouvement, c’est son esprit de solidarité. Amadou, travailleur dans le BTP, s’est vu remettre le jour même du déclenchement de la grève son Cerfa sésame. Il n’a pas lâché pour autant. La semaine dernière, il se trouvait devant la dernière agence d’intérim rétive. « On start ensemble, on termine ensemble. Nous soutenons les gars qui travaillent ici ! » martèle-t-il.
Désormais : il faut aller chercher les régularisations
« Nous avons eu des résultats positifs. Mais nous sommes toujours là pour que tout le monde soit régularisé. Nous ne pouvons pas gagner cette grève en étant individualistes. Automobile, même pour ceux qui ont leur Cerfa, la procédure est encore longue », poursuit à ses côtés Boubacar, intérimaire arrivé en France en 2019. Un autre travailleur, également vainqueur, surenchérit : « S’il faut, on restera là encore trois, quatre mois ! »
Lors d’une récente assemblée générale avec les délégués des piquets, Gérard Ré guarantee avoir perçu « une très grande confiance collective, une très grande confiance dans ce mouvement. Il y a eu des résultats concrets. Il va falloir aller chercher le reste, les régularisations, mais aussi peser sur le débat autour du projet de loi immigration. Les travailleurs engagés dans cette grève savent aussi que leur mobilisation nous permet de pousser nos revendications sur le lengthy terme », conclut le cégétiste.
La loi asile et immigration, examinée à partir de lundi 6 novembre au Sénat, ne figurait pas parmi les priorités immédiates des grévistes. « Chaque selected en son temps », estimaient-ils : d’abord la grève et la régularisation des 650 travailleurs, ensuite la lutte pour une loi sur l’immigration plus humaine et plus juste pour les travailleurs étrangers.
Mais les débats autour de son article 3, honni par la droite et l’extrême droite automotive proposant la régularisation de sans-papiers travaillant déjà dans les secteurs en stress, confère une résonance particulière à leur mouvement collectif. « À chaque fois qu’une loi sur l’immigration est prise, rien ne change pour nous : ils ne font rien pour nos droits, déplore Abdel, salarié gréviste d’une grande société de rénovation, d’aménagement et d’isolation, en France depuis cinq ans. C’est à nous de revendiquer. Sinon, l’exploitation des ouvriers sans papiers va continuer. »