Voilà un dilemme délicat : d’un côté, la demande pour des logements abordables est en continuelle augmentation, boostée par des prix de l’immobilier en ville hors normes et par l’augmentation de la part des résidences secondaires. De l’autre, la construction de logements neufs s’avère avoir un impact environnemental très élevé. Comment alors faire coïncider les besoins fondamentaux de la population, comme se loger, avoir accès à l’eau, se déplacer, et la nécessité de prendre en compte les crises environnementales ?
Le collectif Nos services publics a présenté, ce mardi 24 septembre, son deuxième rapport sur l’état des services publics. En passant au crible les besoins des Français dans une poignée de secteurs, comme ceux du logement, de l’eau, de l’éducation, de la santé ou de la justice, le collectif a cherché à savoir comment le besoin de bifurcation écologique a redéfini l’action publique et les services publics. Et le constat est peu reluisant, estime le rapport.
« Il faut un nouvel imaginaire et un nouvel horizon de progrès »
« L’action publique est à contresens : au lieu de répondre aux conflits des besoins, elle les aggrave et détériore notre capacité à y répondre », juge Arnaud Bontemps, coporte-parole de Nos services publics. Un exemple frappant, pour le fonctionnaire, est celui du déplacement. « Aujourd’hui, 80 % des kilomètres parcourus en France le sont en voiture. Il y a un conflit direct entre le besoin de se déplacer et celui de polluer moins », constate-t-il.
Pour lui, cette inadéquation a été alimentée par les pouvoirs publics eux-mêmes : « Les politiques publiques qui ont permis la disparition des petits commerces dans les territoires ruraux et qui ont fait reculer les services publics ont contribué à l’augmentation forcée du nombre de kilomètres parcourus en voiture. »
Alors qu’elle devrait se faire arbitre lorsque des conflits entre la réalisation d’un besoin et un enjeu environnemental se présentent (par exemple dans les différends fréquents concernant les usages de l’eau, dont la lutte contre les méga-bassines dans les Deux-Sèvres est l’exemple le plus poignant), la puissance publique a perdu son rôle de régulation, note par ailleurs le collectif. La faute, notamment, au recours croissant à des acteurs privés, tels que les cabinets de conseil, pour réaliser ces missions de service public, qui rend plus difficile l’évaluation de l’efficacité de l’action publique.
Sans formuler de préconisations précises pour allier besoins fondamentaux et considérations écologiques, le collectif Nos services publics fixe toutefois un cap général. « Il faut un nouvel imaginaire et un nouvel horizon de progrès. Les services publics font complètement partie de la solution », estime Marie Pla, qui a coordonné la rédaction du rapport. Le nouveau gouvernement fera-t-il sien ce nouveau cap envisagé par le collectif ? Rien n’est moins sûr, et le collectif se montre vigilant. « Le budget sera une sorte d’épreuve de vérité. On attend un financement des services publics à la hauteur des besoins et une réaffirmation de leur vocation universelle », assure Arnaud Bontemps.
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