Un acte II relativement timide. Quasiment un an après le commencement du mouvement des agriculteurs, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA), syndicats majoritaires, ont tenté de remettre le couvert, ce lundi 18 novembre, pour marquer leur opposition à l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur qui pourrait bientôt être signé.
Ce traité permettrait l’importation massive de produits agricoles en provenance des pays d’Amérique du Sud à des prix défiant toute concurrence européenne. « 85 points de manifestation sont en train de se mettre en route », annonçait lundi 18 novembre dans la matinée Pierrick Horel, président des JA, au micro de RMC.
Pour symboliser la « mort » que représenterait la signature d’un tel accord commercial, quelque 300 agriculteurs ont déposé de la terre sur la route et planté des croix au Cannet-des-Maures (Var). À Montpellier (Hérault), une centaine d’agriculteurs se sont retrouvés les bras chargés de panneaux d’entrée et de sortie de villes pour attacher ces derniers aux grilles de la préfecture.
À Vélizy-Villacoublay (Yvelines) ou encore à Grenoble (Isère), ce sont des barrages filtrants qui ont été organisés. Des « feux de colère » ont également été prévus dans la soirée de lundi, comme à Périgueux (Périgord), Dijon (Côte-d’Or) ou encore à Saint-Laurent-de-Mure (Rhône). De quoi rendre visibles les revendications des paysans sans « gêner les Français », comme l’avaient demandé les cadres des deux syndicats patronaux, appelant leurs militants à renoncer à des blocages d’autoroutes.
Une année noire pour l’agriculture
Au-delà du rejet de l’accord de libre-échange UE-Mercosur, un objectif partagé par la Confédération paysanne et le Modef qui prônent un modèle agricole durable, les agriculteurs mobilisés ce lundi 18 novembre dénoncent les conséquences des difficultés accumulées cette année.
« Les récoltes ont été très mauvaises, ça fera un trou dans la trésorerie. En plus de ça, il y a le Mercosur. On se casse la tête à faire des produits de qualité et on nous amène des produits avec des OGM, piqués aux hormones… », déclare une productrice caprine dans les Deux-Sèvres, interrogée par la Nouvelle République. Avec une météo catastrophique, une récolte minime et trois épidémies secouant les troupeaux, 2024 est à compter parmi les années noires de l’agriculture en France.
Pour autant, au-delà des actions visibles mais symboliques, et malgré le nombre de points de convergence annoncés, la mobilisation des producteurs n’égale pas encore celle de l’hiver passé. La ferveur revendicative ne semble pas avoir pris partout.
À Niort, par exemple, les syndicats organisateurs anticipaient entre 80 et 150 paysans rassemblés, assez pour bloquer symboliquement le boulevard de l’Europe desservant la préfecture des Deux-Sèvres par le nord. Finalement, à peine plus d’une quinzaine de tracteurs se sont suivis sur la rocade. De quoi légèrement ralentir le trafic à partir de 16 h 30, mais pas rappeler aux passants le mouvement d’il y a un an. En Bretagne, selon les derniers décomptes, seules trois mobilisations ont été recensées à travers l’ensemble de la région.
Ce mardi 19 novembre, la Coordination rurale se joint au mouvement. Le syndicat à droite des JA et de la FNSEA annonce, entre autres, une action à Bordeaux, devant la préfecture, et la mise en route dès 6 h 30 d’un convoi sur l’autoroute A9 qui partira du péage de Béziers-Ouest pour rejoindre celui du Boulou, non loin de la frontière espagnole.
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