« La stratégie de la division ne nous fera pas gagner les prochaines élections », déclare Alexis Corbière, fondateur de « l’Association pour une République écologique et sociale » (L’Après). Face à « la crise de régime et à la montée de l’extrême droite », l’ancien insoumis l’assure : l’heure est à l’union et non aux querelles de la gauche. En ce sens, à la suite d’un vote de leurs adhérents respectifs, l’Après a fusionné ce 1er février avec la « Gauche Démocratique et Sociale » (GDS), et appelle au rassemblement le plus large possible.
Une étape importante dans le développement de ce parti créé après les législatives anticipées de 2024, sous l’impulsion de plusieurs ex-députés insoumis comme Alexis Corbière, Danielle Simonet et Raquel Garrido non-reconduits par la FI pour ce scrutin, ou encore de Clémentine Autain, quittant à la même occasion le mouvement de Jean-Luc Mélenchon.
« Au service du Nouveau Front populaire »
Selon les communiqués de l’Après, le mouvement n’a pas pour objectif de « bousculer, remplacer ou affronter » l’entente entre les différents partis de gauche, elle est au contraire en soutien et « au service du Nouveau Front populaire ».
Cette union entre les deux groupes politiques a donc pour but de « cimenter le NFP » pour « permettre au rassemblement des gauches et des écologistes de grandir et gagner dans le pays », ajoute la députée de l’Après, Clémentine Autain lors d’une conférence de presse qui s’est tenue ce lundi 3 février à Paris.
« Actuellement, les électeurs de gauche ne comprennent pas la position de la gauche, lance Gérard Filoche, membre de la GDS. Pourquoi est-elle désunie ? Notre rôle est de redonner confiance à ceux qui désespèrent. Nous pouvons apporter une réponse unitaire à travers des luttes sociales communes. »
Pour Raquel Garrido, là où la gauche gouverne, « la vie des habitants change : la gratuité des transports en commun, la construction de logements sociaux, d’Ehpad, crèches, centres de santé, la mise en place de services publics de qualité… » L’ancienne membre de la France Insoumise insiste sur un programme de « partage des richesses, des pouvoirs et des savoirs ».
Préparer « l’après Emmanuel Macron et l’après montée de l’extrême droite est essentiel », surenchérit Clémentine Autain en soulignant l’échec de Lyes Louffok, candidat sous la bannière arc-en-ciel du Nouveau Front populaire pour les législatives anticipées d’Isère qui se sont déroulées en janvier. « Lyes Louffok était combatif et valeureux. Malgré tout, il n’a pas réussi à rassembler davantage face à la candidate macroniste Camille Galliard-Minier. Il y a alerte rouge pour se mettre davantage au travail ».
Discussions avec Génération·s et Picardie Debout
Pour que la gauche remporte des avancées sociales, « chacun doit laisser ses ego de côté », affirme Clémentine Autain en faisant référence au cas de Villeneuve-Saint-Georges. Un exemple frappant de désunion de la gauche qui profite à la droite. Refusant de s’allier avec le reste de la gauche unie (PCF-PS-Les Écologistes) derrière le communiste Daniel Henry, Louis Boyard a préféré mener campagne seul. « L’union de la gauche est nécessaire. Nous devons mener une bataille vitale pour des millions de gens, pour transformer le quotidien des Français », poursuit la députée.
« Toutes les conditions étaient réunies pour que nous gagnions. Mais le candidat insoumis est d’emblée parti en expliquant qu’il n’y aura pas d’union puisqu’il gagnerait dès le premier tour des municipales. Résultat des courses : la droite l’a emporté, rappelle Alexis Corbière. Boxer ses partenaires ne facilite pas la dynamique populaire. C’est typiquement ce que nous voulons éviter à L’Après. » Tout au long de la conférence de presse, lundi, chacun a par ailleurs tenté de tirer des leçons de leur scission avec la France Insoumise.
Pour le député de la 7e circonscription de Seine-Saint-Denis, la méthode de son ancien parti n’est pas la bonne. « Il faut discuter, échanger, convaincre et non s’insulter. Contrairement à ce qu’on entend, le possible élargissement électoral dans les territoires et dans les régions est possible. Nous ne devons pas seulement nous battre dans les banlieues », insiste Alexis Corbière, micro en main.
Préparer l’avenir pour éviter que des situations comme celles-ci se reproduisent, mais avec qui ? Si L’Après a « franchi une étape pour mutualiser (ses) forces », le mouvement désire s’élargir. Pour l’heure, la coalition est en cours de discussion avec Génération·s (fondé par Benoît Hamon en 2017) et Picardie Debout (créé par François Ruffin la même année). Les échanges avec les autres partis politiques sont pour l’heure secrets. « Nous avons pour volonté d’aboutir à une union plus grande que les forces déjà accumulées » avec le Nouveau front populaire, conclut Clémentine Autain.
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