Déclaration de candidature de Julien Plantier (désormais ex-Premier adjoint au maire) pour les prochaines municipales, retrait de l’ensemble des délégations accordées à ses soutiens, équipe municipale en place remaniée… Qu’en disent dans la cité des Antonins les principaux concernés qui, d’ici un an, seront appelés aux urnes ?
En terrasse au soleil ce samedi matin 15 mars sur la place de l’Horloge, Jean, Nîmois depuis toujours, 76 ans et retraité, désapprouve sérieusement ‘‘le jeune’’ (sic). “Face à notre maire, la stratégie de Julien Plantier n’a, selon moi, pas été la bonne. Sans compter qu’il s’est déclaré beaucoup trop tôt !”
Devant son café, son épouse Bernadette, lunettes solaires sur le nez, abonde : “Il restait tant à faire avant de lancer la campagne… Ce n’était pas le moment de quitter le navire. Cette attitude individualiste, je ne la vois pas comme une marque de courage ou de détermination, mais comme une trahison !”.

Loin d’être dégoûtés pour autant par le jeu politique, le couple de retraités assure qu’il ira quoi qu’il arrive voter lors des prochaines municipales.
À l’opposé de Laurence, 51 ans, Nîmoise, elle, depuis cinq ans seulement et actuellement en création d’entreprise.”Cette guéguerre, puis ce jeu de chaises musicales, ça nous fatigue. Proust ou Plantier, pour moi, peu importe. Pour le moment je ne vois qu’un seul gagnant dans tout ce manège : le maire de Nîmes qui n’a pas manqué, ici, à grand fracas, de rappeler que le patron, c’est encore lui !”.
En pleines emplettes aux halles, Philippe Brahimi, buraliste, habitant du quartier Gambetta, voit de son côté dans le caractère disons « bien trempé » du maire et dans son tempérament qu’il juge sanguin, une opportunité rêvée pour le président de la métropole. “Jean-Paul Fournier lui offre sur un plateau douze mois complets pour nous montrer ce qu’il peut faire pour notre ville. Et surtout pour son petit commerce qui se meurt !”

Concernant l’ex-Premier adjoint, le sexagénaire affable se montre en revanche lui aussi bien plus sévère : “Il est jeune, ambitieux et veut le pouvoir. À ça, rien d’anormal. Mais aller affronter frontalement notre maire, comme ça, quand on connaît son caractère… Quelle erreur !”
« Ici, le patriarcat est enraciné dans la politique. Depuis des décennies ! »
À l’opposé, Pascal, 48 ans, technicien Edeis accoudé au comptoir, approuve la décision du jeune président du tout nouveau groupe de la majorité municipale Nîmes Avenir. “Se lancer un an avant une échéance électorale, rien d’anormal. D’autant que pour pouvoir assurer sa campagne, il faut se sentir libre. Et pour cela, se libérer de son carcan”.
Aux abords des arènes, Valérie (prénom d’emprunt) fonctionnaire municipale voit dans ce nouveau duo Fournier/Proust à la tête de la ville pour la fin du mandat, une bien triste illustration de ce patriarcat qu’elle juge enraciné dans la politique locale, depuis des décennies.
“D’où le maire sortant serait légitime pour décider ce qu’il doit se passer après lui ? C’est surréaliste ! Jean-Paul Fournier considère que Julien Plantier ne serait rien sans lui… Or, on ne compte plus les fois où en public (lors de conférences de presse ou inaugurations en tout genre), son jeune premier adjoint, faisant preuve d’une loyauté intangible, a été là pour lui sauver la mise !”, rappelle la jeune quadragénaire.

Christophe (prénom d’emprunt), 60 ans, attablé à la Petite Bourse abonde. “En pratique, depuis cinq ans, c’est Julien Plantier qui représente le maire, désormais bien trop diminué physiquement pour les fonctions qu’il occupe. Alors cet adoubement de Franck Proust, pour moi, ce n’est rien de moins que du népotisme ! Une manifestation de cette volonté « de vieux » de s’accaparer quoi qu’il arrive le pouvoir. En lieu et place de se comporter de manière responsable et raisonnable dans l’intérêt collectif !”, dénonce enfin cet autre fonctionnaire souhaitant lui aussi rester anonyme.
Et de conclure : “Jusqu’à son dernier souffle, le vieux lion continuera de rugir. Après l’éviction des nouveaux ennemis, ou la nomination tout droit sortie du chapeau de ce descendant légitime, croyez-moi, de la part de Jean-Paul Fournier on peut s’attendre à tout. C’est un Nîmois pur jus qui l’a toujours connu en place qui vous le dit !”.