La répression antisyndicale peut être brutale. Les cas des militants interpellés à leur domicile, devant leur famille, se multiplient depuis la réforme des retraites. Mais résumer cette répression à la seule réprimande d’une contestation sociale, c’est oublier que le rapport de classe se joue d’abord dans l’entreprise.
Le cas de Mohamed C. en est une illustration. Adhérent de la CFDT, ce salarié de GT Solutions, une entreprise de transport routier spécialisée dans la location de poids lourds avec chauffeur, compte à son actif cinq entretiens préalables, deux tentatives de licenciement et quatre accidents du travail, à seulement 38 ans.
« Mon travail consiste à former les salariés, je rends des rapports sur des accidents de travail »
Master en droit du travail en poche, ce Dionysien de naissance a d’abord exercé dans une célèbre entreprise de transport de la région parisienne. « Mon travail de juriste ne correspondait pas à mes valeurs. Je devais trouver des failles contre les salariés. Je n’ai tenu qu’un an avant de donner ma démission. » La suite de son parcours est plutôt atypique : il travaille comme moniteur d’auto-école, tout en passant différents permis de conduire.
Puis, il embauche dans un centre de formation qui travaille avec son employeur actuel, GT Solutions. En 2017, il rejoint l’organisme de formation de cette dernière, Institut GT, comme formateur-préventeur. « Mon travail consiste, à 80 %, à former les salariés de l’entreprise aux risques, et à la conduite de camions et au maniement de grues. Le reste, pour l’aspect prévention, je rends des rapports sur des accidents de travail », résume-t-il.