Le PDG de Carrefour Alexandre Bompard a indiqué lundi que 170 000 personnes « travaillent sous enseigne Carrefour » en France, mais seulement une petite moitié, soit 74 000 seulement dans des magasins gérés par son groupe, et l’autre dans des magasins indépendants exploités en franchise ou location-gérance.
Des chiffres inconnus depuis des années, et que le travail de la commission d’enquête sénatoriale sur les aides aux grandes entreprises a permis d’obtenir. Et pour cause, depuis son arrivée à la tête du groupe, l’externalisation est devenue une véritable stratégie, ce que dénoncent régulièrement les syndicats CGT et CFDT du groupe.
Si Carrefour reste le plus souvent propriétaire des locaux et oblige le franchisé à se fournir à sa centrale d’achat, celui-ci doit prendre en charge les salariés en plus de payer une redevance à la marque. Pour Carrefour c’est tout bénef : le groupe s’accorde une rente et n’a pas à donner d’informations sur la santé économique et sociale de ces magasins, sortis de leurs comptes. Les salariés en revanche perdent souvent leurs conquis – dont une semaine de vacances — leur ancienneté et se retrouvent isolés des organisations syndicales du groupe. Et si ces enseignes ferment, Carrefour s’en lave les mains.
38 000 salariés en moins en 6 ans
Sauf que les syndicats estiment qu’il s’agit d’un plan social déguisé, et la CFDT a assigné le distributeur en justice sur ce point, en évaluant que plus de 27 000 salariés sont ainsi sortis des effectifs de Carrefour depuis 2018. Une évaluation basse, puisque selon les chiffres divulgués aujourd’hui, le groupe avait 112 000 salariés français en 2017, et n’en avait plus que 74 000 2023 (soit 38 000 de moins).
En effet chaque année, ce groupe qui s’enorgueillit de bons résultats, de gagner des parts de marché, qui verse des dividendes et a même entrepris en 2024 de racheter pour 700 millions d’euros ses actions, perd entre 5 000 et 10 000 salariés par an. Alexandre Bompard reconnaît que « nous avons passé chaque année une quarantaine de magasins en location-gérance » et d’assurer que cela lui avait permis de ne fermer – au nom de Carrefour — aucun magasin depuis son arrivée.
Cette politique est d’autant plus socialement préjudiciable que Carrefour bénéficie chaque année de 250 millions d’euros d’aides fiscales, plus un peu plus de 100 millions de CICE transformés en baisses permanentes de cotisations. Difficile de le croire quand il prétend, face au rapporteur, le sénateur communiste Fabien Gay : que « l’argent public sert à l’emploi. »
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