Alors que l’année 2024 touche à sa fin, près de 900 000 bénéficiaires potentiels du chèque énergie en 2024 pourraient en être privés. Mis en place en 2018, ce chèque d’un montant allant de 48 à 277 euros permet de payer les dépenses d’énergie (factures de chauffage au gaz, fioul, électricité ou de travaux de rénovation énergétique). Versé automatiquement, il est réservé aux ménages les plus modestes, en fonction de leurs ressources. Pour le toucher en 2024, il fallait avoir un revenu fiscal de référence 2022 inférieur à 11 000 euros pour une personne seule, 16 500 euros pour un couple, 19 800 euros pour un couple avec un enfant et 23 100 euros pour un couple avec deux enfants.
Une première campagne d’envoi automatique a eu lieu en avril dernier, au cours de laquelle environ 5,6 millions de ménages modestes devaient recevoir ce chèque. Mais un nombre important de foyers ne l’ont pas reçu. En cause la suppression de la taxe d’habitation, qui rend plus compliquée l’identification des logements pour les nouveaux foyers, les étudiants ou encore ceux dont les revenus ont changé.
Les bénéficiaires potentiels doivent faire une réclamation en ligne
Face à ce dysfonctionnement massif, qui impacterait un million de personnes, les services de l’État ont mis en place un guichet en ligne afin que ceux qui n’ont pas reçu le chèque ou dont la situation a changé depuis le mois d’avril puissent faire une réclamation. « Pour les ménages dont les revenus et la composition en 2022 leur permettent d’être éligibles au chèque énergie 2024, le portail reste ouvert pour soumettre une demande jusqu’au 31 décembre 2024 », explique le ministère de l’Économie. Or, à quelques jours de la date limite, seulement 100 000 de foyers, sur un million de bénéficiaires potentiels, en ont effectivement fait la demande.
Un énorme taux de non-recours prévisible, voire anticipé à dessein, selon Manuel Domergue le directeur des études de la Fondation abbé Pierre. « Ce n’est pas une démarche habituelle comme une demande d’APL ou de RSA, donc, assez logiquement, il n’y a pas grand monde qui y a pensé. On ne peut pas dire qu’il y a eu une communication non plus effrénée de la part du gouvernement », déplore-t-il. La Confédération logement cadre de vie (CLCV), qui regroupe une quinzaine d’associations s’inquiète dans un communiqué de la « complexification » du dispositif et y voit une attaque « frontale » contre l’accès au chèque énergie.
Complexification des démarches
« Malgré les mises en garde des acteurs du secteur de l’énergie, aucun dispositif viable n’a été mis en place pour remédier aux problèmes d’attribution du chèque énergie à la suite de la disparition de la taxe d’habitation et permettre à des millions de nouveaux ménages de bénéficier du chèque énergie en 2024 », regrette la CLCV.
Hélas, la campagne « chèque énergie » 2025 s’annonce encore plus difficile : il faudrait potentiellement pour pouvoir prétendre à son chèque s’inscrire systématiquement sur une nouvelle plateforme numérique, pour y communiquer son numéro de PDL (point de livraison électrique), le numéro fiscal du titulaire du contrat de fourniture d’énergie, et justifier son lieu de domicile. « Le gouvernement souhaite en complexifier l’accès afin de réaliser des économies au détriment des plus démunis », dénoncent les associations.
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