Les sénateurs examinent, ce jeudi 14 novembre, une proposition de loi visant à interdire la corrida aux moins de 16 ans, afin de protéger les mineurs de l’exposition à la violence exercée sur les animaux. Deux sénateurs de l’Hérault, Christian Bilhac et Henri Cabanel, expliquent pourquoi ils vont voter contre ce texte.
Avec cette proposition de loi, la députée issue des rangs macronistes, Samantha Cazebonne, veut protéger les mineurs du spectacle de la violence exercée sur des animaux, en partant du postulat que la corrida porte préjudice au bien-être des enfants et comporterait des risques pour leur développement. Un argument qui fait bondir les amateurs de tauromachie, dont le sénateur de l’Hérault Henri Cabanel.
“Des enfants de moins de 16 ans, il y en a très peu dans les arènes”
Né à Béziers, et attaché à la tradition taurine, il perçoit cette proposition de loi comme un prétexte, et rejette l’idée que des études prouvent l’impact négatif de la corrida sur les jeunes esprits : “Il n’y a que ceux qui assistent, comme moi, aux corridas, qui peuvent se rendre compte que des enfants de moins de 16 ans, il y en a très peu dans les arènes, c’est à la marge. Cette interdiction n’est qu’un prétexte. Dans le fond, ce sont des parlementaires qui sont contre la tradition et la corrida et qui utilisent ce texte pour affaiblir les villes taurines, j’en suis convaincu, et c’est pour cela que je voterai contre”. Un texte infantilisant selon Henri Cabanel, qui ne rate jamais la Féria de Béziers et pour qui d’autres sujets relatifs à la protection des mineurs, comme l’usage des réseaux sociaux, sont plus urgents.
“C’est aux parents de juger si leurs enfants sont en âge et en condition psychologique de supporter un spectacle taurin”
Même son de cloche du côté de Christian Bilhac. Le sénateur de l’Hérault voit, lui aussi, dans cette proposition de loi qui dépossède les parents de leur responsabilité, un cheval de Troie des défenseurs de la cause animale : “Il y a un courant pour abolir la corrida en France. Ce texte est une banderille placée à nouveau sur la tradition taurine. C’est aux parents de juger si leurs enfants sont en âge et en condition psychologique de supporter un spectacle taurin. On les déresponsabilise avec ce texte. Et sur le plan philosophique, on est dans une société qui cache la mort, on refuse de la voir en direct. Mais, en parallèle, on l’aseptise dans des jeux vidéo ou on peut tuer 50 personnes à la minute. Je voudrais savoir, parmi tous les mineurs qui sont violents, combien ont assisté à un spectacle taurin ? Il y a bien plus de violence dans la société que dans la corrida qui se déroule dans un lieu fermé et dont la pratique est encadrée”.
Les sénateurs vont se prononcer, ce jeudi 14 novembre, en séance publique. Le résultat du vote est attendu entre 18 h et 20 h. Si la proposition de loi est acceptée, elle partira à l’Assemblée nationale. Mais le rapport de force au Sénat, dominé par la droite et le centre, laisse présager un vote défavorable à l’adoption du texte.