Strasbourg (Bas-Rhin), correspondance particulière.
« Les deux projets ne sont pas terribles, on ne sait pas quelle est leur fiabilité », juge Amar Ladraa, le délégué régional CGT de la métallurgie, la veille de la décision qui doit être prise, ce mardi 16 juillet, par la chambre commerciale du tribunal de Saverne (67).
Rien ne semble avoir évolué depuis le 26 juin, jour où avaient été déposés deux projets de reprise de l’usine Caddie, mise en liquidation judiciaire la veille. D’un côté, le dossier d’un ancien propriétaire de Caddie, Stéphane Dedieu, qui propose la reprise de 42 salariés sur les 108 actuellement, dont 2 apprentis, et qui envisage de continuer une part de l’activité industrielle en fabriquant de petites pièces et de développer le négoce.
De l’autre, celui porté par l’actuel propriétaire de l’usine, le groupe Cochez, dont le siège est à Valenciennes (Nord), qui a ajouté 50 000 euros aux 200 000 euros de son projet initial de reprise et propose la poursuite d’un petit atelier de ferrage qui emploierait 3 ou 4 ouvriers.
Stéphane Dedieu lâché par un de ses partenaires
« Ce n’est pas cela qui va faire vivre Caddie à Dettwiller », commente Pierre Dulmet, l’avocat du CSE (comité social et économique), qui plaidera mardi pour la reprise de la société par Stéphane Dedieu. « Les salariés sont farouchement contre Cochez, ils préfèrent la liquidation sèche », affirme-t-il.
C’est en effet la position des élus du CSE, même si la proposition de reprise de Stéphane Dedieu ne soulève guère d’enthousiasme elle non plus. « C’est un choix entre la peste et le choléra, mais Dedieu était préférable », glisse Olivier Delacourt, le secrétaire général CFDT de la métallurgie du Bas-Rhin.
Mais, selon les informations dont les salariés ont eu connaissance, vendredi dernier, Stéphane Dedieu vient d’être lâché par un de ses partenaires. « Il n’est même pas sûr qu’il puisse proposer son offre, faute de garanties bancaires », confirme Pierre Dulmet.
Autre incertitude, au cas où son projet aurait été retenu par le tribunal, Stéphane Dedieu ne pourrait pas relancer l’activité du site avant le 15 septembre. Or le versement du salaire des employés qui est effectué depuis la décision de liquidation, par l’AGS, le régime de garantie de créance des salariés, s’arrêtera légalement le 30 juillet. Qui paiera les salariés jusqu’en septembre ?
La question étant aujourd’hui sans réponse plombe un peu plus sa proposition de reprise. « On a peu d’espoirs, beaucoup pensent que c’est fini et qu’il est fort peu probable qu’une solution soit trouvée par le tribunal », reconnaît Olivier Delacourt, qui rappelle qu’après quatre redressements judiciaires en douze années et une liquidation effective en cours, il reste très peu de chances que le tribunal accorde un nouveau sursis.
« Tant qu’il y a un petit peu de vie, il y a un peu d’espoir », veut croire l’avocat du CSE, qui avoue cependant que « ce serait un peu miraculeux ». Pour Amar Ladraa, la situation est rendue encore plus difficile par l’absence d’interlocuteurs au niveau du ministère. « On va vers un désastre industriel. Avant, il y avait encore une forme de soutien public en cas de défaillance d’une entreprise, mais là, on a fermé les robinets. Il n’est plus possible de continuer comme ça, il faut qu’on prenne une autre orientation dans le pays », estime-t-il.
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