La décarbonation de l’industrie française serait-elle déjà six pieds sous terre ? « Je ne vous cache pas qu’il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de travail », concédait Emmanuel Macron début 2023, au moment de dévoiler sa stratégie pour réduire les émissions des industries les plus polluantes du pays.
Sa solution, miser sur le stockage carbone (CCS) afin de capter et stocker, dès 2030, 4 à 8 millions de tonnes de CO2 émis chaque année par les industries les plus polluantes, avant de viser 15 à 30 millions de tonnes à l’horizon 2050.
Pour devenir un « champion » de cette technologie développée par l’industrie du pétrole et promue à grand renfort de lobbying, l’État compte mettre à contribution son sous-sol afin d’y piéger le dioxyde de carbone durant des milliers d’années.
Une question de « souveraineté industrielle », affirme l’exécutif dans sa stratégie nationale publiée en 2024, qui voit là l’opportunité d’enclencher la « réindustrialisation profonde » de l’économie, alors que le nombre d’usines en France ne cesse de chuter.
Mais miser seulement sur le CCS pour décarboner l’industrie « n’est qu’une réponse partielle et insatisfaisante », prévient la géographe Anaïs Voy-Gillis. Pour cette spécialiste de l’industrie, « ce n’est pas parce qu’on décarbone l’économie qu’on réindustrialise. Ce ne sont pas les mêmes mécanismes ».
Pycasso, premier échec du CCS en France
Le gouvernement ne l’entend pas de cette oreille. D’abord centré sur les émissions de CO2…