Le nouveau Front populaire n’est qu’à une rue de l’Assemblée nationale, au cœur du quartier des ministères. C’est dans le VIIe arrondissement de Paris, à la Maison de la Chimie, que la presse est convoquée, ce vendredi midi, pour la naissance du rassemblement de la gauche version 2024. Les faire-part avaient été envoyés à la va-vite mais les journalistes se pressent pour voir cette coalition qui redonne espoir au peuple de gauche.
Au premier étage, l’estrade n’attend plus que les responsables politiques. La salle est comble, les télévisions prêtes à retransmettre en direct la conférence de presse de l’alliance bâtie contre l’extrême droite. Avec trente minutes de retard, les traits tirés par quatre jours d’intenses négociations, les chefs des principales formations et une partie des négociateurs de l’accord arrivent à une dizaine devant la bannière rose, rouge, vert, violette et jaune du nouveau Front populaire. À leurs côtés, des représentants de la société civile comme Abdel, syndicaliste CGT chez MA France, Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace. Son homologue d’Oxfam France, Cécile Duflot, est aussi dans la salle.
« Prendre dans la poche de ceux qui ont les moyens de donner »
« Ce n’est pas seulement un rassemblement de formations politiques, lance Manuel Bompard, coordinateur national de la France insoumise. Mais c’est un rassemblement de nombreuses formations politiques, des associations, des collectifs soutenu par des personnalités syndicales, associatives, du monde de l’art, de la culture, des intellectuels. » Chacun a le droit de citer deux mesures parmi les 150 que contient le contrat de législature signé la veille.
L’insoumis évoque « le blocage des prix sur l’alimentation et l’énergie pour redonner du pouvoir d’achat aux Français ». « Nous agirons également immédiatement pour rétablir une voix de paix pour la France sur la scène internationale en soutenant l’Ukraine face à la guerre d’agression de Vladimir Poutine et en nous donnant les moyens d’obtenir un cessez-le-feu immédiat face aux massacres en cours à Gaza. », ajoute-t-il, avant de céder le pupitre à Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes.
« Nous allons faire campagne avec une grande détermination et nous allons gagner. Nous allons faire campagne avec une grande détermination et nous allons gouverner. C’est soit eux (l’extrême droite, NDLR) soit nous. Ça doit être nous. Ça va être nous », scande-t-elle. Et de promettre l’abrogation de la réforme des retraites dans les quinze jours après l’arrivée au pouvoir de l’union et la « vraie gratuité de l’école ».
Vient ensuite le tour d’Olivier Faure, secrétaire national du Parti socialiste : « Nous voyons des gens qui craignent pour leurs libertés, leurs sécurités. Ils voient Orban, Meloni, les ligues qui manifestent dans les rues, les bras tendus. Ils nous demandent de les protéger. » Une protection qui passe, selon lui, par la suppression de la réforme de l’assurance-chômage et des mesures fiscales pour financer le projet, « en prenant dans la poche de ceux qui ont les moyens de donner » via un nouvel impôt sur la fortune et la taxation des superprofits.
« Nous voulons la concorde »
La gravité du moment se lit sur le visage de ceux qui ont finalisé un accord qui semblait impossible il y a encore dix jours. « Les citoyens attendent de nous que nous soyons à la hauteur. Je fais le serment de rester uni pour changer la vie, pour répondre à cette immense attente de changement (…) Nous voulons la concorde, une République laïque et sociale », avance Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, reprenant les mots de Jean Jaurès.
Smic à 2000 euros brut, indexation des salaires sur l’inflation, augmentation du point d’indice des fonctionnaires et du minimum vieillesse… Fabien Roussel déroge à la règle, en citant l’arsenal de mesures sociales que le nouveau Front populaire oppose au projet libéral d’Emmanuel Macron et à celui mortifère du Rassemblement national. « On l’a fait parce qu’il le fallait. Il n’y a pas d’alternative. La seule pour faire face au RN, c’est nous, conclut Aurore Lalucq, coprésidente de Place publique. On a tous travaillé ensemble pour avoir des lignes extrêmement claires. »
Au nom des luttes, Abdel et Jean-François Julliard promettent d’être des vigies de l’effectivité du programme de la gauche. Leur présence vaut soutien mais elle n’est « pas un chèque en blanc », prévient le numéro 1 de Greenpeace, inquiet du projet anti-écolo du RN. « Nous comptons sur vous. Mais attention, soyez à la hauteur des enjeux », exige le cégétiste.
À 13 heures, toute la gauche se dirige vers le jardin de la Maison de la Chimie pour la tant attendue photo de famille. Insoumis, socialistes, écologistes, communistes se mélangent. Juste avant le clic des appareils photos, Fabien Roussel chante « I believe we can fly » (Je crois que nous pouvons voler, en français). À en croire l’enthousiasme du peuple de gauche, il n’est pas le seul à le croire.
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